1-1-2. Neutralité ou complexité ?

Par rapport à la sémiotique tensive, Il nous faudra cependant une remarque à propos du niveau tensif de notre graphe. Il nous semble que les auteurs de la sémiotique tensive se dirigent vers un certain subjectivisme dans la mesure où ils conçoivent la fonction tensive sous le nom de « tonicité » (qui correspondrait à la zone complexe dans notre terminologie) :

En écart avec ce positionnement d’ordre épistémologique, nous conceptualisons la fonction tensive (dont les fonctifs sont la présence corporelle et l’unité écologique) de manière à ce qu’elle résulte de la force de neutralité 1 de l’espace triadique dont la double prédication (double négation et double affirmation) s’applique à ses trois opérateurs de manifestation (présence corporelle, unité écologique et catégorisation). On reviendra à la logique de double prédication. Dans une telle perspective, la « présence » ne signifie pas tant un centre ego-centrique confronté au néant du monde externe qu’il transformera en un univers du sens pour s’approprier une identité. Mais elle n’est qu’un des éléments qui s’impliquent dans le devenir, sinon cosmique, du moins de la forme de vie d’une communauté socio-culturelle qui lui donne naissance. Le devenir du sujet tensif se traduira en discours par de différentes suites modales des instances d’observation qui l’incarnent en fonction de rapports actantiels où il entre. C’est donc la modalité épistémico-véridictoire de l’actant d’observateur qui révèle le processus de couplage où il s’engage. Le champ de présence est un champ où se croisent et parfois se heurtent des configurations perceptives à dominante socio-centrique, voire multifocale. Et le sujet qui en est régulateur garde en mémoire le rapport de présence à la fois au monde et à l’autrui.

Notes
1.

Sur ce point, nous faisons nôtre l’avis de Hjelmslev quand il dit que « (pour l’analyse linguistique) les oppositions ne sont pas soumises à la logique de l’exclusion, mais à celle de la participation, dont l’exclusion est une variante. » (Hjelmslev cité in L’esthétique de Lévi-Strauss, José Guilherme Merquior, p. 113.)