Partie IV. Vie de signes et forme de vie

Chapitre 1. Texte et contexte

Afin de pousser notre réflexion sur le phénomène dynamique de systèmes de signes, nous développerons deux thèmes qui ont été auparavant traités de façon sommaire : organisation semi-symbolique et dimension homotope de l’ensemble signifiant. Ils seront abordés, dans ce qui suit, dans le cadre d’une problématique de contextualisation de la mise en discours. 1 Dans la perspective du parcours de saisie du sens, elle nous conduira en dernière instance à celle d’intersémioticité. 2 En ce faisant, nous prendrons en considération trois propositions théoriques qui soulignent la nécessité d’englober la valeur de données contextuelles pour l’explication du processus de sémiosis : la notion de transformation chez Lévi-Strauss, la théorie de la multimodalité de Pascal Vaillant et le modèle « polyphonique » de la signification de Jean Fisette.

Notes
1.
« Notre entreprise ne se conçoit qu’en référence à quelque théorie du langage. (...) les approches linguistiques stricto sensu présentent l’inconvénient, rédhibitoire dans la perspective « socio-logie » de la signification, d’exclure, par la définition même de leur objet, toute préoccupation relative aux problèmes de la « mise en contexte » des faits de langage qu’elles étudient. Inversement, l’ensemble des approches que l’on peut regrouper sous la vaste rubrique de la pragmatique (...), tout en se présentant davantage comme une linguistique de la « parole », manquent de l’appareil conceptuel et méthodologique unifié qui leur permettrait de maîtriser la prolifération des variables contextuelles (...). (Société réfléchie, Eric, Landowski, Seuil, 1989, p. 10-11.)
2.
« Le pari que propose la sémiotique revient simplement, on le voit, à redéfinir le prétendu contexte du discours, autrement dit le monde « réel » qui lui sert de référence, comme un « langage » : un langage parmi d’autres, dont le privilège n’a rien de nécessaire ou d’absolu (n’étant de l’ordre ni de la primauté ontologique, ni même de la priorité) mais tient à la position qui lui est culturellement assignée par rapport à d’autres systèmes sémiotiques également construits » (ibid., p. 195.)