1-4. Grammaire du mythe

En combinant les deux méthodes complémentaires intra-et intertextuels, on aura donc la démarche suivante pour l’interprétation du mythe. Dans un premier temps, le mythe, en tant qu’occurrence, doit être considéré comme un schème qui a ses règles propres à son espace d’organisation interne. La forme en est due au fait qu’il s’articule à partir d’un certain nombre de « paquets de relations prédicatives », axes sémantiques d’ordre contradictoire qui sont susceptibles de dispositif homologique. Le dispositif d’homologation qui organise ainsi l’espace interne du mythe a pour visée de fournir une des réponses possibles à la contradiction enracinée dans la vie de tous les jours en interposant un terme complexe entre les termes qui en sont constitutifs. L’opération de médiation entraîne par conséquent le long processus de transformation dans lequel s’impliquent tous les autres récits mythiques relevant du même ensemble paradigmatique. Cet ensemble qui est lié à l’isotopie générale de l’univers mythologique se révèle récursif en autant d’isotopies spécifiques qu’il y a de transformations dans toutes les variantes constitutives du mythe. Maintenant le mythe fait partie de l’ensemble paradigmatique dont l’instance de contrôle régit le potentiel sémiotique. La question qui se pose alors est de savoir quel type d’opérations de transformation chaque variante a subit pour être intégrée dans cet espace externe et de quelle façon elle est mise en comparaison avec les autres variantes qui le composent. Le sens du mythe-occurrence est en dernière instance solidaire de l’ensemble paradigmatique qui lui assigne une valeur positionnelle dans ses rapports de transformation à d’autres mythes.

Pour rendre compte de cette donation de sens, Cl. Lévi-Strauss élabore une sorte de grammaire du discours mythique. Il y en a trois composantes : armature, code et message. Elle permettra de comprendre la valeur positionnelle d’une séquence narrative donnée et par le biais de conséquence celle de son équivalent dans les autres séquences auxquelles il se rapporte. Etant donné l’objectif que nous nous sommes fixé, nous nous intéresserons essentiellement à la composante de code de la grammaire du mythe mise en avant par Lévi-Strauss.