3-3. Classification d’interprétants

Du point de vue de la génération, Peirce en parle en utilisant les termes d’interprétants, immédiat, dynamique et final (normal). 1 L’interprétant est pour Peirce un nouveau signe créé dans la conscience de quelqu’un qui re-présente le signe précédent. Ce signe nouvellement formulé est fonctionnellement équivalent ou conceptuellement plus développé et établit une relation tradique avec son objet immédiat qu’il peut ainsi déterminer. Cette relation est telle que l’objet immédiat du signe de deuxième degré se trouve d’emblée en rapport avec l’objet dynamique du representamen de départ dont il « tient lieu pour quelqu’un sous quelque rapport ou à quelque titre. » L’indéfinitude de l’adjectif quelque semble illustrer bien la multifonctionnalité de l’interprétant dont on vient de dire qu’il se divise en trois sous-classes.

L’interprétant immédiat est ce qui est potentiellement représenté par le signe lui-même sans aucune intrusion de quoi que ce soit d’extérieur. L’interprétant dynamique est l’effet conatif que le signe est censé produire effectivement sur l’esprit de celui qui le recevra dans un contexte donné. Il est donc de l’ordre, sinon de l’imprévisible, du moins de la probabilité.

L’interprétant final est une habitude perceptive et/ou comportementale qui permet par principe d’économie d’identifier, de renvoyer « typiquement » un representamen à un objet. Il contribue donc à établir un corps de règles de conduite « socialement normées » qui sont spécifiques à chaque domaine d’interaction humaine. Ce sont ces normes qui interviennent immanquablement lorsqu’on investit axiologiquement un signe donné pour l’inscrire dans tel ou tel parcours du sens. A ce niveau de l’action du signe, l’interprétant final n’est autre chose que l’ensemble de données pragmatistes qui sont par essence hétérogènes (psychologique, historique, scientifique, etc.). Il n’est pas sémiotique à proprement dit. A ce propos on se rappellera que Morris distingue trois dimensions du signe : syntaxique, sémantique et pragmatique. L’interprétation du signe varie conformément aux normes du domaine d’activités dans lequel il s’inscrit. Selon Peirce, il y trois types de normes :

Notes
1.

Pour la bipolarisation faite ici, interprétative et générative, eu égard du fonctionnement de l’interprétant, voir Théorie et pratique du signe, G. Deledalle, Payot, Paris, 1979, p. 22.

1.

Selon la typologie de vérité proposée par B. Russell, il y a quatre manières de définir ce que c’est le « réel » :

  • pragmatiste (vérification fondée sur le processus d’établissement du consensus communicationnel vraisemblablement partagé),
  • probabiliste (calcul de proportion entre ce qui est prévisible et ce qui ne l’est pas),
  • « véridictoire » (vérité-cohérence interne de ce qui est dit),
  • vérité-correspondance (adéquation du discours et de son objet).
  • La sémiotique de Peirce, on le sait, repose sur sa philosophie pragmatiste.