2. Sémiosphère

Dans l’univers culturel désigné par la notion de sémiosphère, il n’est plus question de systèmes de signes dans leurs structures dites immanentes. En effet, Y. Lotman ne propose pas un modèle d’abstraction des phénomènes culturels, mais un processus de modélisation de la « réalité sémiotique » qui les sous-tend. La sémiosphère est l’ensemble de référence d’une culture donnée, nécessaire à la mise en place des systèmes sémiotiques qui la composent. Elle est en interaction permanente avec ses parties. La sémiosphère est une expérience sémiotique collective qui se traduit par « présomption de sémioticité ». Elle précède et en même temps rend possible toute sémiosis en vigueur dans le cadre d’échanges culturels. Elle est l’unité de base de la signifiance humaine elle-même. Hors cet espace de référence, il ne peut y avoir ni communication ni signification. La sémiosphère se définit par plusieurs caractéristiques :

Le binarisme est le principe de base d’organisation d’un univers culturel. A la base de ce principe fondamental peuvent se démultiplier les langages qui le constituent. L’asymétrie veut dire qu’un langage n’est pas réductible à un autre système sémiotique qui le « traduit » : la singularité de l’un est intraduisible dans les règles de structuration de l’autre. La sémiosphère n’est ni une tranche synchronique, ni une succession diachronique de tranches, mais la coprésence de la diachronie sur la synchronie : le temps traditionnel est toujours agissant dans le présent. L’espace culturel n’est pas un espace homogène. L’hétérogénéité structurelle en vient des caractéristiques précédentes : les éléments qui l’habitent sont fonctionnellement différents et substantiellement diversifiés. Entre eux se maintient cependant un rapport de transitivité dans la mesure où ils s’influencent réciproquement à différents niveaux d’organisation de la sémiosphère.