2-1. Perspective énonciative de la culture

Située au centre de la sémiosphère, l’instance de contrôle ego-phorique /JE/ se trouve en contact permanent avec ce qui lui est extérieur et elle est appelée à s’approprier l’altérité à degré variable en fonction de ce qui lui est propre. L’espace d’autrui (exo-phorique ou méta-phorique) sera assimilé, reconfiguré aux coordonnées spatio-temporelles spécifiques à l’espace qui l’accueille et cela par présomption sémiotique d’une culture à laquelle elle adhère :

La topologie d’un type singulier qu’est la sémiosphère a, comme tout système sémiotique actif, deux axes, temporel et spatial. La temporalité est disposée sur trois modalités /rétrospectivité/ (temps traditionnel), /présence/ (temps déictique) et /prospectivité/ (temps à venir). Le dispositif spatial de la sémiosphère d’une culture est basé quant à lui par deux espaces, interne et externe, d’un côté et sur la notion de frontières qui les sépare et les articule en même temps. Les deux univers extéroceptif et intéroceptif doivent être canalisés par l’instance proprioceptive qui les rend homogénéisants formellement l’un dans l’autre, cette mise en équivalence formelle pouvant être considérée comme conséquence tensive de l’autopoièse du système neuronal de l’être vivant. Dans une telle perspective énonciative des phénomènes culturels, le réel d’autrui qui n’est pas le nôtre sera contrôlé, manipulé à travers la grille de lecture qui repose sur un ensemble d’interprétants à l’oeuvre dans notre entour. Au terme de ce processus d’assimilation, ce qui vient de l’Ailleurs se trouvera inséré dans ce qui est propre au centre déictique /Ici/ et /Maintenant/ de l’espace culturel d’accueil. Le Savoir du système-source devient ainsi le contenu du Texte dans le système-cible.