2-2. Systèmes modelants « primaire » et « secondaire »

Dans les pratiques socio-culturelles où prime la conception praxéologique du signe, la langue naturelle est en rapport de transitivité avec d’autres langages. Ensemble, ils fournissent le terreau intersémiotique. Même si la langue est capable de s’auto-décrire par le biais des règles grammaticales, le système de signes linguistiques ne peut jouer le rôle de centre organisateur qu’à la condition qu’il entre en interaction avec les autres éléments constitutifs de la sémiosphère propre à une culture. Il n’est qu’une fonction parmi d’autres, quoique la plus importante, définie dans un cadre spatio-temporel. Toutefois cette fonction n’est pas « seconde » mais bien fondamentale. Fondamentale parce que la langue « maternelle » dont nous sont imprégnés se présente comme le « système modelant primaire » : son niveau métalangagier permet à ses usagers de ré-écrire les « systèmes modelants secondaires » de la sémiosphère. Une image ou un artefact accédera au statut de « sinsigne » quand ils auront acquis une fonction prévue par la sémiosphère dans laquelle ils s’inscrivent. Le processus de sémiotisation de la sphère physique mis en oeuvre ici ne peut pas aboutir sans médiation de la langue naturelle. Cette dernière donne une forme de rationalité à l’expérience des gens qui participent activement au maintien du couplage structural avec leur entour. C’est sur le plan du contenu linguistique que les figures du monde sensible sont rendues intelligibles, accessibles à ceux qui les perçoivent et donc les interprètent à la base de leur présomption de sémioticité valable à l’intérieur de la sphère sémiotique qui les entoure. Elles seraient autrement ineffables.