3. Socio-poétique de M. Bakthine

3-1. Objectif

Dans la section qui concerne la socio-poétique de M. Bakthine, nous proposons donc de répondre à deux questions : comment rapproche-t-il le concept d’énoncé de la problématique de types de textes ? Et dans quelle mesure l’acte d’énonciation qui le prend en charge s’articule-t-il à l’univers socio-culturel où il a lieu ? Dans un premier temps, on présentera sa conception d’énonciation qui dépasse largement des disciplines connexes telles que l’approche interactionniste (conçue comme le domaine de recherche des actes coopératifs de construction de l’espace textuel collectif, par exemple le phénomène d’implicature), ou la sociolinguistique (dans son versant variationniste ayant pour but d’expliquer l’influence des facteurs sociaux sur l’échelle graduelle d’usages linguistiques comme le phénomène d’ « hypercorrection »). Nous allons montrer ensuite de quelle manière l’acte d’énonciation peut être envisagé dans le cadre de la sémiotique des cultures qui est l’objet principal de nos recherches dans le présent chapitre.

On se rappellera d’abord que M. Bakthine était l’un des tenants de la critique de formation marxiste dans un débat développé autour de la question du « littéraire ». Il s’opposait au courant formaliste russe dont R. Jakobson est le père fondateur. On profitera de cet historique pour dire que F. Rastier pour sa part ouvre une discussion semblable en élaborant une sémantique de l’interprétation du texte intégrée dans une théorie de l’action et qu’il tient tête par-là à des conceptions théorétique (logico-formelle) et représentationnelle (cognitiviste) de la connaissance. On va voir comment Bakthine se positionne dans ce débat toujours d’actualité en résolvant à sa manière le problème de rapports entre texte et contexte.