2. Historique

Du point de vue diachronique, il est communément admis que le Chamanisme est une forme de croyance « primitive » qui marque les premières pages de l’histoire des religions. C’est l’une des cultures les plus archaïques que l’homme possède et qui perdure jusqu’à présent sous les différentes modalités d’existence sur une zone géographique assez étendue. On le pratique un peu partout dans des régions comme l’Asie nord-est, l’Asie centrale, les deux Amériques du Nord et du Sud, l’Australie, peut-être à l’exception de l’Europe continentale.

Le Chamanisme trouve, dit-on, son berceau en Sibérie. Etymologiquement, le terme de chaman vient du mot samàn d’une tribu toungouse qui habite en Sibérie et cela veut dire « celui qui voit» (Pak Il-Young 1999, p. 14.) On aura l’occasion de regarder de plus près le sens du mot chaman en faisant une analyse comparative de ses équivalents en deux autres langues, chinoise et coréenne. Le Chamanisme sud-coréen, qu’on appelle parfois mukyo en langue locale, est considéré comme l’une des variantes du Chamanisme de Sibérie.

A la fin du 17ème siècle, il y avait un certain Evert Y Ides, homme d’affaires internationales hollandais, qui, sous le patronat du Grand Empereur Peter, avait effectué un voyage l’amenant de Moscou jusqu’à Pékin en passant par la Sibérie. Son récit de voyage avait été publié en hollandais en 1704, et traduit en allemand en 1707. On y trouve une première description ethnologique qu’il donne d’un rituel chamanique de la tribu toungouse, située du côté nord-ouest du Lac Baïkal en Sibérie. Dès lors, sont nombreux des travaux sur le Chamanisme qui en proposent différentes définitions : psychopathologique, sociologique, anthropologique, etc. Pour la description de notre corpus, nous faisons nôtres les approches anthropo-sémiotique et phénoménologique.