3. Méthodes d’analyse - sémantique narrativo-tensive

Tout d’abord il y a la notion de couplage structural qui est à l’origine de tout le courant de théories de embodiment qu’on appelle parfois enactionnisme. On la prendra comme cadre épistémologique d’une conception du sens à développer. L’enactionnisme tel qu’il est appliqué au domaine des questions du sens n’est pas méthodologiquement incompatible avec son approche phénoménologique et souligne ainsi l’importance qu’il faut donner à l’action du corps médiateur du dedans et du dehors. De ce point de vue, la signification d’unités linguistiques peut être considérée comme étant liée à la praxis humaine, en l’occurrence la praxis énonciative qui mobilise deux termes relationnels : le sujet d’énonciation et son entour de pratiques sociales. Elle est ce qui caractérise discursivement chaque domaine de la praxis humaine. La modalité de connaissances pratiques y est schématisée et déposée en mémoire collective notamment à travers la praxis énonciative qui apparaît, entre autres, sous forme de genres de textes. Conçu de la sorte, l’acte d’énonciation devient un acte parmi d’autres qui tendent à montrer la manière dont le sujet tensif entre en contact avec le contenu référentiel de son entour dans le processus de couplage structural propre à la sémiosphère où il s’immerge. Outre le modèle sémio-narratif, c’est l’approche tensive (et/ou morpho-dynamique) de la signification qui nous viendra en aide dans l’analyse du mot chaman. Ce qui conduit à dire que l’instance de contrôle du champ de présence est ce qui conditionne en amont de la sémiosis les valeurs différentielles d’unités linguistiques, leurs rapports d’opposition étant cristallisés et reconfigurés par l’usage socio-historique qu’elle en fait : leurs organisations sémiotique, a fortiori sémantique (Benveniste) sont à situer dans la logique de l’action que les hommes font entre eux en maintenant leur histoire de couplage structural. La praxis énonciative relève elle aussi de ce processus ininterrompu d’adaptation de l’organisme vivant à son entour. Elle laisse trace de la connexion dynamique qui lie le sujet d’énonciation à son objet de discours et implique ainsi la manière dont il entre dans tel domaine de pratiques sociales en mettant en branle le système de la langue. De la sorte l’instance d’énonciation participe au devenir de la forme de vie dont il hérite. Elle s’installe d’emblée au coeur d’opérations de découpage du monde par catégorisation linguistique. Le sujet de praxis énonciative est aussi un sujet sensible, « corps propre » qui, à titre de centre d’organisation, procède au traitement du flux de perception sur le mode continu de gradiences valencielles. La signification du mot, qu’elle soit la valeur différentielle ou le sens en contexte, dépend en dernière analyse du degré de tonalité émotionnelle avec lequel son usager se l’approprie en production aussi bien qu’en interprétation et cela à la base du mécanisme d’afférence (ou de catalyse).

On vient d’expliquer la méthodologie qui sera mise en place pour l’analyse du mot de chaman. Commençons par le mot coréen.