3-3. Mise en scène rituelle

Pour mener à bien son activité, le chaman doit faire appel à ses esprits protecteurs qui jouent le rôle d’Adjuvant. Ils peuvent ainsi être conçus comme le délégué du Destinateur qui régit à distance le parcours d’actions du chaman. Le sujet de performance est aussi comme une instance de contrôle qui module la mise en correspondance entre deux grandeurs a priori hétérogènes : monde culturel de l’humain et univers naturel du spirituel. Les techniques parapsychologiques de la transe dont il est l’expert renvoie à un autre registre d’actantialité. Les actants qui s’impliquaient dans les phases précédentes du processus de communication appartiennent à la même catégorie d’espèce humaine dont l’effort de culturalisation de son entour est un facteur déterminant du processus d’hominisation. En revanche, on a affaire ici à une frontière entre les zones identitaire et proximale, d’un côté et la zone distale, de l’autre. D’où un effet de saut qualitatif. Dans cette zone liminaire de distinctions du réel, le chaman apparaît comme le sujet compétent qui peut entrer en transe et sait interpréter le message venu de l’Ailleurs. Cela constitue le paroxysme de son état de conscience modifiée où les esprits protecteurs viennent s’incarner. La fonction de médium qu’il accomplit à l’occasion d’un rituel s’expliquera par le fait qu’il occupe la position d’actant-contrôle permettant de mettre en contact deux autres actants positionnels-source (l’humain) et cible (le spirituel). Le chaman n’est pas un messager qui laisserait transparaître la volonté transcendante, mais un médiateur qui négocie auprès du spirituel et agit en faveur de l’humain. La présence divine sera faite à l’image de la morphologie de l’entour humain.