2-2. Structure du rituel chamanique

Le deuxième critère que nous avons mis en avant pour traiter la typologie de textes chamaniques au sein de la sphère sémiotique de la communauté chamanique, ce sont les valeurs positionnelles qu’ils prennent sur l’axe syntagmatique de la séance. Il s’agit du critère interne dans la mesure où il fait intervenir la notion d’espace structural intrinsèque au procès chamanique. Etant donné que les textes dont il s’agit relèvent de la littérature orale, cela oblige donc de prendre en compte à quel moment du procès chamanique ils sont racontés. Intégré dans l’espace structural de la séance, chaque texte prend du sens du fait qu’il acquiert une telle ou telle valeur aspectuelle sur son déroulement syntagmatique. L’examen de sa structure nous apprend que le procès chamanique se découpe en principe en 12 séquences. Elles se regroupent à leur tour en trois grandes unités syntagmatiques en fonction de valeurs aspectuelles qu’elles prennent tout au long du procès rituel :

Au moment de chungsin qui correspond à l’ouverture du procès, le chaman purifie l’espace rituel. En accomplissant une série de rites, il fait part à des esprits de l’événement chamanique qui va avoir lieu. La phase de osin constitue le vif de la séance où les esprits qui viennent y assister seront égayés par la performance du chaman. Au moment de clôture, il procède à des rites qui ont pour but de les renvoyer.

Auparavant, nous avons expliqué l’axe syntagmatique du procès chamanique en termes aspectuels : /inchoativité/, /durativité/ et /terminativité/. La valeur inchoative du procès recouvre les rites qui précèdent le moment où l’homme renouvelle son présent par le contact avec les esprits médiatisé par le chaman. Sa valeur durative met en relief l’extensibilité spatio-temporelle du mécanisme du chaos créateur qui est sous-jacent au rendez-vous entre deux mondes. La /terminativité/ correspond au moment de clôture du procès où le chaman n’a pas seulement à renvoyer les esprits importants qu’il a invoqués. Il fait venir aussi les esprits négligés dans la vie de tous les jours pour les nourrir et les écouter.

A un niveau d’abstraction plus poussé, il est possible de regrouper les trois valeurs aspectuelles en deux catégories /perfectivité/ et /imperfectivité/. L’aspectualité /perfectivité/ qui implique la notion de « franchissement de seuils » correspond à deux phases d’ouverture et de clôture du procès chamanique. Quant à l’aspectualité /imperfectivité/, elle renvoie à tout ce qu’on fait lors de rencontre avec la force spirituelle.