2. Rapport entre le dispositif formel du rituel et le potentiel de la structure interne du textuel

Du point de vue de la réception, la cérémonie funèbre donne à celui qui en est le demandeur, dangol, une occasion de réaliser un acte d’offrande. Elle est destinée au bien-être de l’âme récemment décédée autant qu’à celui du demandeur de la séance chamanique. Si on ne l’observe pas, le défunt ne peut, croit-on, trouver une nouvelle vie dans l’Ailleurs et deviendra une âme qui erre dans une zone de l’univers située entre l’ici-bas et l’au-delà en provoquant des inconvénients auprès des vivants. En conséquence de cela, le déséquilibre qui affecte sa famille par disparition de son bien-aimé ne sera pas rétabli. Le principe d’organisation de cet échange de valeurs sera rapproché de la logique de ‘don réciproque’ (M. Mauss) qui se met en place dans ce type de rituel funéraire dont notre mythe fait partie intégrante.

Le rapport entre mythe et rite nous conduira d’abord à dégager le dispositif formel du rituel funéraire dans son ensemble et cela sur ses deux axes syntagmatique et paradigmatique. Ainsi le rituel funèbre sera-t-il articulé en termes structuraux. Dans ses grandes lignes de force, la cérémonie se décompose temporellement en deux séances. Elles sont visiblement segmentées par l’arrêt du temps rituel. On désigne la première séance en langue coréenne sous le nome d’andangsakyungut. Elle commence après le coucher du soleil et s’achève à l’aube. Après quoi, on arrête le cours du temps rituel pour se reposer et en préparer la deuxième. La seconde séance, qualifiée de senamgut, démarre de nouveau vers dix heures du matin. Avant et après le retour au temps profane, se déploie donc le temps sacré articulé en deux séances chamaniques distinctes. La première a une telle autonomie fonctionnelle qu’elle peut devenir à elle seule un ensemble rituel. Dans ce cas-là, elle a une autre dénomination parmi d’autres, chunsingut, qui signifie le « rite d’esprits célestes ». A cela succède la séance de senamgut qui en remplit le reste. C’est dans la seconde séance que l’on trouve le dire mythique, Princesse abandonnée.

On se rendra compte donc que notre texte plonge son contexte immédiat dans l’une des deux grandeurs syntagmatiques du procès de rituel funéraire. La séance senamgut devient le lieu où la structure interne de l’unité textuelle trouve à s’actualiser en discours. De sorte que le rituel joue le rôle d’espace de référence par rapport au texte dont le potentiel est soumis à son centre d’organisation. Le contrôle qui s’exerce sur l’espace rituel externe s’avère indispensable à la catégorisation qui s’opère dans l’espace textuel interne. Etant donné l’autonomie structurale des deux séances du rituel funéraire, d’une part, et la position syntagmatique occupée par l’unité textuelle, d’autre part, nous choisirons de tenir compte uniquement de la séance senamgut lors d’analyse de l’unité textuelle. On fera remarquer qu’elle a la même dénomination que le tout rituel qui la comporte. D’où son double sens, étroit et étendu. C’est comme si le même procès se produisait de façon récursive en faisant en sorte que la catégorie de niveau supérieur laisse trace dans une autre catégorie qu’elle subsume déjà comme sa partie constitutionnelle. On en déduira une valeur aspectuelle /itérativité/ qui s’inscrit dans le dispositif hiérarchique du rituel funéraire.