3. Séance /senamgut/ comme contexte référentiel du mythe

En réduisant le zoom, descendons à l’échelle d’observation de la séance senamgut conçue comme partie. Elle se compose de 14 séquences distinctes 1 . Reprenons le critère d’aspectualité qui nous a déjà servi pour analyser le plan de contenu de la séance chamanique type et nous aurons trois grandes unités qui la composent sur l’axe syntagmatique de la séance senamgut. Il y a trois premières séquences qui se succèdent dans la phase d’ouverture de la séance et une seule et dernière qu’on trouve au moment de clôture. Quant à l’étendue du rituel qui se trouve investie de la valeur /durativité/, elle se déploie sur 10 séquences dont la narration du mythe concerné. L’acte d’énonciation linguistique occupe donc un segment du rituel qu’on désigne en langue locale sous le nom de malmi (« dernière parole de la mort »). C’est la séquence qui est un moment important du point de vue du déroulement du rituel. En récitant le mythe en question on entre dans le vif du rituel qui a pour but de purifier l’âme défunte et de la ramener à l’autre monde. La quintessence de l’activité chamanique se réduira à un certain nombre de séquences. Il s’avère que le texte mythique est lié dans sa fonction de signe-action à d’autres segments du rituel qui visent tous à faire renaître le décédé en représentant les étapes du passage au monde autre. La séquence malmi est précédée d’une séquence et suivi de 5. Ce qui fait qu’il y a sept séquences qui forment un bloc à l’intérieur de la seconde unité de l’ensemble rituel aspectuellement spécifiée par la valeur /durativité/. Avec cette période de l’ensemble rituel le texte linguistique maintient un rapport local qui lui donne sa valeur positionnelle en le mettant en contraste avec les autres éléments qui la composent. Le discours mythique qui peut constituer une structure sémantique sur la rationalité mythique relève d’un micro-procès si on l’envisage sur le mode de saisie molaire dans son rapport d’opposition à d’autres unités de l’ensemble signifiant. Le micro-procès qu’on pourra identifier à une structure propositionnelle s’étend en allant de la séquence où on raconte le mythe (cinquième séquence) jusqu’à la douzième, abstraction faite de deux séquences médianes, sangsik et dwittjun. Ces dernières ne relèvent pas à proprement parler de la visée pratique qu’on s’est fixée dans le corps de la cérémonie funèbre : alors que sangsik consiste pour la famille de la mort de lui offrir le repas la dernière fois, dwittjun sert de séquence de clôture au rituel dans son ensemble. Afin de décrire la composante textuelle, il nous faudra donc tenir compte de cet espace de référence qui en contraint le déploiement sémantique par rapport à d’autres composantes régies sous le même contrôle catastrophique.

Notes
1.

voir 한국의 샤마니즘, 조흥윤, 서울대학교, p. 158-159.