4. Analyse du mythe

4-1. Contenu inversé /Abandon/

L’événement de délaissement survient lorsque l’acteur-reine accouche encore d’une fille, soit sept princesses consécutives. Et cela correspond à la phase initiale d’un processus de transformation narrative qui est en vigueur dans le récit mythique. Dans cet état de choses qu’il représente en son monde possible, il y a un acte de violation de lois qui en déstabilise l’ordre établi. Le roi qui attend d’elle un successeur du trône se présente ici à la fois comme un sujet de manque et en qualité du traître qui, pour inverser la situation narrative, passe à l’acte en réalisant un programme d’action basique, nommé ‘Renoncement’. Ce qui s’articule dans ce parcours narratif correspondra au contenu inversé de la transformation narrative. Ce contenu informe sur la configuration modale du sujet de performance-roi qui est disposée à se débarrasser de l'héroïne-nouveau-né en l’abandonner dans un état de non-vie. Le nouveau-né occupe, quant à lui, la position actantielle de sujet d’état dont le mode d’être se voit négativement visée par l’action. A ce moment de la narrativité, la visée discursive se laisse montrer en filigrane de cette programmation actionnelle à travers le mouvement intentionnel d’un objet-valeur dont elle fait l’enjeu de l’interaction actantielle et que nous appellerons /Vie/. Cet objet axiologique est tel qu’il affecte deux pôles d’un micro-schéma narratif remplis respectivement par le Destinateur-source qui fait agir de la sorte le sujet performant, d’un côté et par le Destinataire-cible ayant comme support de manifestation le rôle actantiel de sujet patient, d’autre côté. La cible de l’action entre en rapport de non-conjonction avec l’objet-valeur /Vie/. Du point de vue tensif, le rapport de jonction dont il est question sert d’opérateur de manifestation à la manière dont le centre de contrôle de la mise en discours se positionne dans son acte de perception à ce qui l’entoure (« royaume sans descendant »). Cela nous renvoie à la dimension fiduciaire du récit, /Croire/ qui, en tant que modalité présentationnelle, fonde le système des valeurs investies dans la trame du mythique. Pour l’instant on se contentera de noter que l’axiologie à laquelle adhère le sujet de performance semble reposer une opposition Homme (terme positif) vs Femme (terme négatif), les termes qui la composent étant valorisés différemment selon le soubassement phorique de la forme de vie du sujet énonçant. Dans son rapport au monde axiologique le sujet énonçant est comme un sujet de « passion » qui vise dans un certain sens un objet de connaissance dont il fait son objet de discours. De là viendra une structure noématique du dire mythique qui implique éléments relationnels d’un acte de perception et qui confère le fondement tensif à l’acte d’énonciation.