4-6. Terme privatif /Non-Mort/ et lieu d’application de la double prédication

Dans la partie théorique de la présente thèse, nous avons mis en évidence la similarité fonctionnelle entre la catastrophe élémentaire de bifurcation, d’un côté et, la logique de double prédication, de l’autre. Alors que le schème catastrophique a permis de voir comment se poser la question de négativité au sens sémiotique du terme et quelle réponse lui donner, on a démontré que la double prédication était le principe d’organisation qui s’applique, en termes logico-sémantiques, aux termes de la déixis (positive ou négative) du carré dynamique via la force de neutralité. Quant à cette dernière, elle est censée traverser d’un bout à l’autre l’ensemble topologique épistémologiquement représenté par notre graphe existentiel, cet ensemble étant composé des trois zones de niveaux distincts, tensives (complexe et neutre) et catégorielle (simple). Entre elles, il y a le rapport de complémentarité qui fait que la moindre modification qui advient au devenir de l’un fait échos à la morpho-dynamique des autres. La morphologie de la zone simple qui est de nature schématique résulte d’interactions entre les zones complexe et neutre. Au niveau de fonctionnement catégoriel de l’ensemble topologique, la zone simple se configure en rapport d’implication, déixis du carré dynamique. Sous son angle tensif, elle renvoie au point de fusion métabolique dont surgira le centre organisateur de l’espace de référence. Dès lors que ce centre d’organisation balise des chemins, les catégories taxinomiques d’ordre synchronique qui sont constitutives de l’ensemble catastrophique se transforment en sémantique fondamentale pour donner lieu à un « micro-univers sémantique » qui, par des opérations syntaxiques, sera diachroniquement converti en événements narratifs.

C’est la double prédication qui sous-tend, pour nous, l’opérativité de l’instance de sélection des entités sémantico-syntaxiques. D’après J. C. Coquet, l’acte de prédication est l’un des deux actes fondamentaux qui servent à définir le prime actant bifurqué en deux catégories de « personnes » : sujet vs non-sujet. Il faut qu’il y ait une instance qui asserte à propos du second actant pour qu’elle s’instaure en un non-sujet qui donne le fondement tensif à l’acte d’assomption caractéristique du sujet.

En reprenant notre diagramme, nous rendrons compte de ce qui vient d’être dit comme ceci :

Le terme privatif /Non-Mort/ est ici considéré comme étant premier à son antonyme non-privatif /Mort/ qu’il génère en le point bec à partir de l’état d’indétermination. Il se pose comme un point de repérage pour la discrétisation telle que les catégories sémiques se définissent différentiellement en structure élémentaire de la signification. Quant à savoir ce qui se passe dans le lieu morpho-génétique du centre d’organisation de l’ensemble topologique, il y a un phénomène d’interactivité des deux zones, complexe et neutre, qui sont co-extensives l’une de l’autre sur le mode du continu. Du point de vue de la sémiotique tensive, on dira que leur mode de coexistence repose sur deux types de corrélations, converse et inverse, ce qui peut être représenté moyennant le schéma tensif avec deux axes d’ordonnées (échelle d’intensité) et d’abscisses (échelle d’extensité). Vu de cette manière, le terme privatif en question ne sera plus un trait formel à proprement dit mais un contenu local, en l’occurrence l’espace d’implication du carré dynamique. Il s’avère que le terme /Non-Mort/ indexe un domaine de pertinence susceptible d’une forme de fonction sémiotique de second degré, à savoir sémio-mathématique (ou tensive), le mot de mathématique devant être entendu dans son sens phéno-physique. En isomorphisme avec deux plans du langage, la fonction tensive consiste en corrélations de ses deux fonctifs (deux zones complexe et neutre) dans la profondeur du champ de présence. Leurs opérateurs sont nommés dans notre terminologie respectivement par deux pôles du couplage structural : la présence corporelle et son entour humain.