L’hypothèse

Nous supposons que la dissuasion israélienne a échoué. Nous supposons qu’il y a deux facteurs majeurs derrière cet échec : l’ambiguïté et des acteurs non-dissuadables. Ces deux éléments majeurs affectent la crédibilité de la dissuasion israélienne. Autrement dit, dans ce cas bien précis, la crédibilité de la dissuasion rationnelle n’est pas entièrement acquise, car les acteurs non-dissuadables le sont encore moins lorsqu’ils sont confrontés à une stratégie de dissuasion basée sur une ambiguïté. Nous souhaitons, dans le cas de confirmation de notre hypothèse, montrer dans quel contexte, comment et pourquoi la dissuasion israélienne a manqué son objectif principal. Pour étudier notre hypothèse, nous nous limitons à la période allant de 1955 à 2005. C’est dire que l’option nucléaire israélienne est aussi vieille que l’État hébreu -lui-même créé en 1948-. Notre objet étant les armes nucléaires israéliennes, nous nous intéressons à son historique et à ses implications dans les décisions et le choix des décideurs notamment lors des conflits armés dans la région. Pour illustrer et justifier notre hypothèse, nous allons, tout au long de ce travail, souligner les efforts de l’État hébreu pour acquérir les armes nucléaires. Nous allons mettre en évidence le contexte international et régional. Nous allons étayer le jeu d’interaction entre le trio Washington, Tel-Aviv et les capitales arabes. Nous allons montrer comment le nucléaire, non seulement ne garantit pas la sécurité voulue par Israël mais aussi, comment cet objet provoque des conflits armés. Nous souhaitons voir si on peut affirmer les points suivants : (1) -La dissuasion rationnelle est un concept vaste, flou et difficilement applicable. Les attaques ou les guerres dites préventives sont là pour pallier à la défaillance de la théorie de la dissuasion. (2) -La rationalité est un concept vague : ce qui est considéré comme irrationnel par l’acteur dissuadant, peut être considéré comme purement rationnel du point de vue de son challenger. Les normes, les valeurs et le contexte social d’un acteur ne donnent pas un terrain commun de calculs pour chacun des deux camps : le fort et le faible. (3) -Les Israéliens, -pour qui la dissuasion est considérée comme acquise après la guerre de 1967-, sont, suite à la guerre de 1973, convaincus que leur doctrine et leur stratégie de dissuasion ont définitivement échoué pour dissuader les Arabes. (4) -La guerre des Six jours en 1967, a probablement eu lieu suite à l’entrée en fonction de la centrale nucléaire de Dimona. (5) -La guerre de 1973, a eu lieu principalement par la volonté de Sadate de défier la dissuasion. (6) -Les armes nucléaires, dans le cas israélien, sont obsolètes car si elles sont utilisées contre l’une des capitales arabes, de par la proximité géographique, elles n’épargneront pas l’État d’Israël. (7) -Le programme nucléaire israélien a été mis en place suite aux menaces soviétiques et non pas arabes.