- Les administrations

On essaie ici de montrer comment le contexte historique dans lequel se trouve l’État hébreu l’aide à échapper à la politique américaine farouchement opposée à la prolifération nucléaire et l’échec des services d’Intelligence américains à clarifier ce qui se passe à Dimona. On verra comment à Washington, la Maison Blanche et le département d’État n’ont jamais été inquiétés par les rapports sur le site de Dimona. On verra aussi comment certains rapports de la CIA, hautement sensibles, n’ont jamais été transmis, ni à la Maison Blanche, ni à la commission du Sénat. Enfin, nous allons voir comment les visites, par des experts américains de l’AEC (Atomic Energy Commission) du site nucléaire de Dimona, ne donnent aucun signe de l’existence d’activités nucléaires sur ce site. Avec des documents inédits, on montre comment les Israéliens, alors aidés par l’œil fermé de Washington, œuvrent pour aboutir à la concrétisation de leur programme nucléaire et optent pour l’ambiguïté. On suit par la suite la décennie critique 1959-1969, celle qui illustre l’échec des trois administrations américaines (Eisenhower, Kennedy et Johnson), dans leurs efforts pour arrêter le programme nucléaire israélien.

Avec la stratégie Atom for Peace, d’Eisenhower, Israël justifie sa démarche envers un programme nucléaire. L’administration Eisenhower se montre compréhensive envers le programme nucléaire israélien. À Washington, on considère que l’État hébreu se trouve dans une situation précaire face à la création de la République Arabe Unie initiée par Nasser en 1958. Elle est suivie par celle de Kennedy qui mène une politique clairement opposée à la prolifération mais ne réussit pas à arrêter la construction de Dimona. On suit aussi les années de l’administration Johnson, qui se montre la plus compréhensive et durant laquelle se produit l’achèvement des travaux de Dimona et le début de la production de la bombe israélienne.