Deuxième partie : l’ambiguïté

Ambiguïté oblige, les armes nucléaires israéliennes connues par le monde entier, ne le sont pas par les Israéliens eux-mêmes, selon une des réponses faites par l’ex-Premier ministre Shimon Pérès. Comment les Israéliens parlent-ils du nucléaire ? Telle est la question que l’on pose dans cette partie. Il y a tout d’abord l’affaire de Vanunu 1986, et puis le débat historique et unique à la Knesset en 2000. Y a-t-il une stratégie israélienne dans la périodicité de l’apparition du sujet de Dimona sur la scène internationale ? Les chocs des guerres ont secoué la conception de la fiabilité de la politique d’ambiguïté de l’État hébreu. Dans sa phase de corrosion, cette politique se trouve confrontée à la question de son efficacité. Garder cette ambiguïté ou se déclarer comme puissance nucléaire ? Tel est le dilemme israélien. Autrement dit, l’environnement change, mais les Israéliens continuent de suivre une stratégie qui avait été dessinée dans un autre contexte. Dans un nouvel environnement régional et international, les Israéliens, qui n’ont toujours pas signé le TNP, changeront-ils de stratégie ? Si les Israéliens ne dissuadent pas les Arabes par une politique d’ambiguïté, pourquoi la garder ? On essaie aussi dans cette partie de remonter à l’origine et descendre dans les racines de cette politique d’ambivalence. On analyse les raisons pour lesquelles les Israéliens la gardent. On tente d’apporter des réponses à la question suivante : à quoi sert-elle ? Enfin, notre analyse porte sur le comment les Israéliens en font usage. Ce chapitre est consacré aux retouches apportées à la ligne politique de l’ambiguïté nucléaire israélienne. Cette politique improvisée en 1963, pour échapper aux pressions de J. F. Kennedy, ne correspond plus à la nouvelle ère dans laquelle se trouve le Moyen-Orient après l’émergence d’autres pôles de puissances. Les affrontements et les guerres face auxquels les Israéliens ont été confrontés les ont-ils conduit à repenser leur doctrine de dissuasion ? Doit-on parler de chocs provoqués par les guerres ou évoquer de simple échec de la politique d’ambiguïté ? Nous essayons de voir s'il existe un rapport entre l’échec de la dissuasion israélienne et le non-changement dans la ligne de l’ambiguïté. C’est ce qui nous amène à voir en profondeur les facteurs de l’échec de la dissuasion dans notre troisième partie.