Le contexte international

Les Américains sont préoccupés par les frictions politiques avec l’Union soviétique, causées par le coup des officiers libres conduit par Nasser contre le roi Farouk en juillet 1952. Le mouvement de Nasser déclenche un effet de chaîne par inspiration, et par le soutien du nouvel homme fort d’Égypte, le raïs Nasser. Les troupes britanniques quittent l’Égypte après une longue colonisation. Les Français doivent, de leur côté, faire face aux insurrections des trois colonies de l’Afrique du Nord, et notamment au FLN en Algérie. Les appels au panarabisme de Nasser poussent les Israéliens à se retourner instinctivement vers les États-Unis. Ben Gourion, face à la politique nassérienne de panarabisme, tente à plusieurs reprises, sans succès, de signer un pacte de sécurité régionale avec Washington afin de bénéficier du parapluie nucléaire américain (Michael Bar-Zohar, 1979) 207 . Seymour Hersh (1991, p. 21) 208 , écrit que Ben Gourion va même plus loin : il soutient la position américaine lors de la guerre coréenne (1950-1953) et propose, de façon secrète, l’envoi de troupes israéliennes pour combattre aux côtés des forces armées des États-Unis en Corée du sud. Cette position provoque la colère de Moscou et aboutit à une rupture des relations diplomatiques entre Moscou et Tel-Aviv. L’administration Eisenhower arrive au pouvoir en 1953, sans l’intention de changer sa politique envers Israël. Tel-Aviv tente d’établir une sorte de relation spéciale avec le Président Eisenhower sans succès. Ben Gourion déclare alors à ses proches, qu’il craint un deuxième holocauste par les Arabes envers le peuple juif. Pour lui, il n’y a pas d’alternative (Ein Breira) pour contrer l’hostilité des Arabes, et la sécurité d’Israël n’est assurée que par un arsenal nucléaire. Ben Gourion, dans ses discours publics des années 50, lie la sécurité d’Israël au progrès scientifique de son pays. En novembre 1950, dans son discours à la Knesset, Ben Gourion déclare que « la sécurité et l’indépendance d’Israël ont besoin que la jeunesse se dévoue à la science, à la recherche notamment la recherche électronique et nucléaire, ainsi que la recherche dans le domaine de l’énergie solaire. » (Seymour Hersh, 1991, p. 22) 209 . La pensée Ein Breira -il n’y a pas d’alternative-, de Ben Gourion est aussi partagée par le scientifique Ernst Bergmann. Ce dernier, dès le début des années 50, notifie à ses proches qu’il y a de l’uranium dans le désert. Abraham Feinberg, homme d’affaire new-yorkais est approché pour financer la Recherche ( 210 )

Notes
207.

Michael Bar-Zohar, Ben Gurion , New York, Adama Books, 1979.

208.

Seymour M. Hersh, The Samson Option: Israel's Nuclear Arsenal and American Foreign Policy , New York, Random House, 1991, 354 pages.

209.

Ibid.

210.

Un fervent défenseur du droit du peuple juif d’avoir un pays. Il joue un rôle important dans la collecte des fonds aux États-Unis durant la période 1947, pour la création de l’État hébreu.