Le contexte israélien

Lorsque Kennedy arrive à la Maison Blanche en 1961, Tel-Aviv vit au rythme d’un scandale et d’une crise politique. Ben Gourion se trouve confronté à une possible démission. C’est suite à la publication du rapport d’enquête sur l’affaire Lavon qui remonte à la surface et perturbe la scène politique israélienne. En juin 1954, Pinhas Lavon, ministre de la Défense, démissionne suite à l’échec d’une opération des agents du Mossad en Égypte. Ce scandale de politique intérieure provient d'une opération secrète menée en Égypte. À l’époque, les agents du Mossad sont impliqués dans une série d’attentats contre des intérêts américains et britanniques afin d’affecter les relations entre Égyptiens et Américains. Des agents sont interpellés lors d’une de ces opérations et emprisonnés par Nasser. Le 8 décembre 1954, le Caire annonce la découverte d’un réseau d’espionnage israélien. Deux juifs sont alors condamnés à la peine de mort début 1955. Le 21 février 1955, Ben Gourion reprend le portefeuille de la Défense suite à la démission de Pinhas Lavon. Lorsqu’en décembre 1960, l’affaire fait l’objet d’un débat profond. Suite au blanchiment de Lavon, une crise politique survient. Cette crise aboutit à la démission de Ben Gourion. Des critiques sont alors soulevées au sein même de la gauche israélienne accusant l'Intelligence militaire d’avoir entrepris des actions sans une connaissance et une approbation politique. L’issue de cette affaire plonge le parti Mapai, dans une lutte massive de pouvoir. Il y a alors deux camps. Le camp de Lavon contre celui de Ben Gourion. Au sein de ce groupe politique divisé de “jeunes chefs de Mapai”, on trouve en particulier Pérès face à Moshe Dayan. Les deux hommes sont par ailleurs supporters du projet atomique secret. La politique domestique et le dossier du programme nucléaire se sont alors télescopés. Dans ces circonstances, une confrontation directe avec les États-Unis pourrait avoir des effets néfastes sur le programme nucléaire et au sein même du parti de la gauche israélienne. Fin décembre 1960, Ben Gourion avait déjà décidé de démissionner. Il force son parti à choisir entre lui et Lavon, mais il retarde sa démission en raison des derniers développements autour de Dimona. Il craint qu’en son absence, ses collègues cèdent face à la pression des États-Unis à propos de Dimona. Fin janvier 1961, Ben Gourion remet sa démission et reste au poste de Premier ministre par intérim en attendant les élections en août 1961. Mais, la pression de Kennedy persiste et le dossier de Dimona n’est pas pour autant fermé.