Le contexte régional

L’autre dossier majeur sur l’agenda présidentiel de Kennedy et ses ambitions dans le domaine de la politique étrangère, est d’établir des relations diplomatiques et des rapprochements avec l’Égypte de Nasser. La peur de ce rapprochement touche les Israéliens. La question est alors, comment agir face à cette tendance de la politique du Président Kennedy ? L’affaire Lavon fait des dégâts politiques, et Ben Gourion voit que le rapprochement entre Washington et le Caire aura des effets néfastes sur la sécurité israélienne. L’augmentation de l’aide américaine à l’Égypte et les lettres échangées entre Kennedy et Nasser (Annexe 49) ³⁸⁶ , aboutissent au réchauffement des relations entre les deux pays, après le refus américain d’aider Nasser à la construction du barrage d’Assouan (Annexe 115) ³⁸⁷ . Kennedy œuvre pour initier un climat de bon voisinage entre Israël et l’Égypte. Il souhaite aussi impliquer les Nations unies et rassurer Nasser sur le programme nucléaire israélien, avec la mise sous contrôle international du site de Dimona (Annexe 48) ³⁸⁸ . Le 21 juin 1962, les Égyptiens expriment leur intérêt pour nouer des relations avec Washington ( ³⁸⁹ ), dans une optique de non-alignement (Annexe 49) ³⁹⁰ . « La lettre de Nasser, datée du 21 juin 1962, est une ouverture significative, en effet, Nasser reconnaît le bien fondé d’une bonne relation pour aller en avant vers une relation cordiale ainsi que de nouvelles formes de coopération », écrit Brubeck dans son analyse de la lettre du Président égyptien (Annexe 51) ³⁹¹ . Dans ce contexte et en décembre 1960, l’Égypte fait savoir publiquement l’irritation du raïs au sujet du programme nucléaire israélien. Nasser déclare, en visant Dimona que le Caire « n’acceptera jamais la supériorité israélienne, et si cela est nécessaire, l’Égypte attaquera et détruira la base d’agression, même au prix de quatre millions de victimes » ( ³⁹² ). Ces propos ne sont pas rassurants pour Tel-Aviv. De plus, la question de la centrale israélienne est l’objet de la rencontre des ministres de la Défense et des Affaires étrangères de la Ligue arabe fin juin 1961. Cette rencontre n’adopte pas de résolution à l’égard de Dimona. Il y a seulement l’annonce de la détermination arabe d’augmenter le niveau d’armement conventionnel. Ben Gourion s’adresse alors à Washington en demandant la vente de missiles Hawk.