La mission Harriman-Komer

En 1965 et 1966, la communauté d'Intelligence des États-Unis conclut que l'arrangement bilatéral américano-israélien n’est pas suffisant pour limiter l'effort israélien et que les visites américaines de Dimona font peu pour changer l’état du programme israélien. À Washington, court la conclusion suivante : le programme israélien est imparable. La pratique des visites diffère de manière significative de l'intention originale de Kennedy. Sa principale visée est de mettre en place un système de vérification reflétant aussi étroitement que possible le système de contrôle de l'AIEA, créée en 1957. Lorsque la mission Harriman et Komer se rend en Israël en mars 1965 pour parler aux Israéliens, un des premiers objectifs de cette mission est de persuader les Israéliens de remplacer l'arrangement des visites du site de Dimona par un accord le plaçant sous contrôle de l'AIEA. En 1966, un an après la mission Harriman et Komer, les États-Unis sont prêts, pour cela, à offrir en échange aux Israéliens, une usine de dessalement. Israël résiste à toutes ces offres américaines. En l'absence d'une solution de rechange, les accords des visites de Dimona continuent. Du côté israélien, le gouvernement d'Eshkol, devient de plus en plus incommode au sujet de cet arrangement bilatéral. La pratique de ces visites cause l'embarras politique pour le gouvernement Eshkol. Ces visites sont alors considérées, à Tel-Aviv, comme compromettantes pour la souveraineté et la sécurité nationale d’Israël. En 1966-67, les deux côtés tirent la conclusion que l'arrangement bilatéral au sujet de Dimona touche la fin de son utilité. Beaucoup, à Washington se rendent compte que les procédures et les résultats des visites de Dimona manquent de crédibilité. On conclut alors, à Washington, que la seule solution valable à long terme pour le cas nucléaire israélien passe par un traité international.

Si Israël adhérait à un tel traité, il soulagerait les États-Unis d'un arrangement bilatéral inconfortable, et probablement suspect, et ferait du programme nucléaire israélien une responsabilité internationale, plutôt que seulement américaine. Le 16 mai 1967, (trois semaines avant la guerre), Harold Saunders, membre du Conseil de Sécurité Nationale (NSC) chargé du Moyen-Orient, écrit une note à Walt Rostow, conseiller de la Sécurité Nationale de Johnson, dans laquelle il souligne l'importance du TNP pour lutter contre la prolifération nucléaire dans la région. Israël, malgré les demandes américaines, résiste à la signature du traité de non-prolifération des armes nucléaires. L’État hébreu ne signe pas le traité en 1968. Il n’a toujours pas, à nos jours, signé le TNP. La guerre des Six jours, de juin 1967, a lieu. Suite à cette guerre, l’environnement régional change. Cela complique la tâche des Américains. Les Israéliens en occupant le Sinaï, le plateau du Golan, la bande de Gaza et la Cisjordanie, changent la donne et placent la région dans une autre logique. C’est ce que nous allons voir dans le le chapitre suivant consacré aux conflits armés antre Arabes et Israéliens (1956, 1967, 1969 et 1973)