Dimona, source de tension

Les raisons de la guerre des Six jours remontent à deux ans plus tôt. Nous sommes sous l’administration Johnson et la centrale de Dimona est au cœur de la tension. C’est vers juin 1965, que la question des armes nucléaires israéliennes fait surface à la fois au Caire et dans le monde arabe. Lors d’un voyage à Londres, Mohamed Heikal, un proche de Nasser, mène une campagne de presse et déclare que les Israéliens vont être capables de fabriquer la bombe atomique en l’espace de deux ou trois ans. Il souligne qu’Israël est soutenu, aussi bien sur le plan financier que scientifique, pour la fabrication de sa bombe. Il appelle les Arabes à agir pour faire face à la menace israélienne (Mohammed H. Heikal, 1987) 540 . Il appelle aussi à passer à une phase de commandement unique des armées arabes et à la mobilisation vers un effort sérieux, afin que l’Égypte puisse développer l’arme nucléaire. Cette campagne est suivie au milieu de l’année 1966 par la politique nassérienne visant à faire savoir que l’Union soviétique va lui offrir une protection nucléaire si les Israéliens développent l’arme nucléaire (Mohammed H. Heikal, 1978, p. 196) 541 . À Washington, en avril 1966, on prend au sérieux la vente de sous-marins soviétiques à l’Égypte et on considère ce fait comme une menace pour la stabilité de la région ( 542 ). Ces sous-marins sont, selon le rapport de Washington, capables de lancer des missiles de moyenne portée (Annexe 99, p. 2) 543 . Ces sous-marins empêchent aussi tout accès au Golfe d’Aqaba (Annexe 124, p. 3, §. 2) 544 . À Washington, on craint alors que l’Union soviétique n’étende son influence dans la région, en utilisant l’opportunité offerte par Nasser (Annexe 100) 545 . Ces informations suivent une série de déclarations publiques de la part du Président Nasser destinées à l’Occident. Le raïs souligne que l’Égypte ne restera pas les bras croisés et que le Caire agirait avec force. Il fait alors savoir que si Israël développait des armes nucléaires, l’Égypte n’aurait d’autres choix que de mener une guerre préventive.

Notes
540.

Mohammed H. Heikal,. Cutting the Lion’s Tail: Suez Through Egyptian Eyes , New York, Arbor House, 1987.

541.

Mohammed H. Heikal, The Sphinx and the Commissar , New York, Harper & Row, 1978.

542.

National Intelligence Estimate, N° 290, NIE 36.1-66, Washington, May 19, 1966. Source : Central Intelligence Agency, Job 79-R01012A, ODDI Registry of NIE and SNIE Files. Secret; Controlled Dissem. By Director of Central Intelligence Richard M. Helms, and concurred in by the U.S. Intelligence Board on May 19.

543.

Annexe 99, Report by the Anti-Submarine Warfare Panel of the President's Science Advisory Committee.Foreign Relations, 1964-1968, Volume X, National Security Policy. Released by the Office of the Historian. Documents 123-138, N. 124. Washington, April 28, 1966. Source : Johnson Library, National Security File, Agency File, Office of Science and Technology, Vol. 1, 1966, Box 42. Top Secret. A title page is not printed.

544.

Annexe 124, Discussion of Middle East Crisis, 24 mai 1967, Memorandum for the Record. Record of National Security Council Meeting on May 24 1967. Source : Johnson Library, National Security File, Country File, United Arab Republic, Vol. IV. Secret.

545.

Annexe 100, Intelligence Memorandum Prepared in the Central Intelligence Agency. Egyptian-Soviet Relations, FRUS,1964-1968, Volume XVIII Arab-Israeli Dispute, 1964-67 N. 295. Department of State, Washington, DC. No. 0830/66 Washington, May 28, 1966. Source : Johnson Library, National Security File, Country File, United Arab Republic, Vol. IV. Secret; No Foreign Dissem; No Dissem Abroad; Controlled Dissem/Background Use Only. A note in the source text states that the memorandum was prepared by the Office of Current Intelligence in the CIA Directorate of Intelligence and coordinated with ORR and ONE.