La séance à la Knesset

« Le monde entier sait qu’Israël possède une quantité non négligeable d’armes chimiques, bactériologiques et nucléaires (…) L’ambiguïté nucléaire israélienne n’est pas autre chose, qu’une illusion. » Issam Makhoul à la Knesset, février 2000.

« L’ambiguïté ne s’applique qu’en Israël. Le citoyen israélien ne dispose d’aucune information au sujet des armes nucléaires de son propre pays. » C’est ce que prononce dans son discours à la Knesset le député arabe israélien Issam Makhoul du parti communiste Hadash. Durant les dix minutes allouées à son discours, le député Issam Makhoul ne lit que le tiers de son papier. Le reste est indexé dans les archives du Parlement israélien. Lors de ce débat, assisté par des représentants de l’Ambassade d’Égypte et de l’Ambassade de la Russie, le député Issam Makhoul aborde des questions relatives au silence entourant l’arme nucléaire au sein même de la société israélienne. Lorsque le député Makhoul prend la parole, il est hué par une grande partie des députés allant du Likoud (centre-droit), jusqu’au Shas (ultra-orthodoxes) en passant par l’Union Nationale (extrême-droite). Il n’est pas épargné par ceux du parti travailliste (centre-gauche), ou encore le Yisrael Beitenu (parti des Russes israéliens). Il continue son discours et souligne que : « Le 20 décembre 1960, souligne le député, le Premier ministre David Ben Gourion en annonçant la construction d’un réacteur de recherche à Dimona, a expliqué que le site allait être entièrement dédié à des fins pacifiques et que lorsque la centrale sera terminée, elle sera ouverte aux chercheurs d’autres pays. » Le député Makhoul ajoute que, « lorsque Ben-Gourion a fait cette déclaration, il savait que le réacteur n’était pas construit pour la recherche civile. Il n’avait pas non plus l’intention de l’ouvrir au monde »

M. Chaim Ramon, chargé de liaison entre le Premier ministre et la Knesset, prend la parole pendant dix minutes. Il explique que : « la position d’Israël est justifiée et que le peuple israélien est associé à la politique nucléaire israélienne. » Il s’insurge contre les propos de M. Makhoul. « Les affirmations de M. Makhoul sont non fondées », explique-t-il, (…) « Il, (M. Makhoul), veut que nous disions à nos ennemis ce que nous avons et ce que nous n’avons pas. » M. Ramon répète, par ailleurs, quatre fois, durant les dix minutes, la devise israélienne selon laquelle « Israël ne sera pas le premier à introduire les armes nucléaires au Moyen-Orient. » À chaque fois, M. Chaim Ramon est interrompu par les quatre députés arabes. Suite à la continuité de la protestation, il leur demande de quitter la session, précise le Jerusalem Post ( 730 ). Le député Zehava Gal-On du parti Meretz (à gauche du parti travailliste), durant la minute qui lui est attribuée pour la prise de parole, s’est posé les questions suivantes : Alors que les informations au sujet du nucléaire israélien sont largement exposées et facilement trouvables sur internet, à quoi sert une ambiguïté ? De quoi avons-nous peur ? » Madame le député, Zehava Gal-On, est l’une parmi 16 députés qui ont voté en faveur de la tenue d’un deuxième débat plus large. Dans ce groupe, on trouve Dalia Rabin, fille du Premier ministre Yitzhak Rabin, assassiné le 5 novembre 1995.

Notes
730.

Nina Gilbert, Hadash’s MK’s debate of Israeli nuclear policies stirs Knesset storm, The Jerusalem Post, 3 février 2000, p. 2.