Le débat était une farce

Qualifié d’historique par les experts militaires, ce débat passe sous le silence en Occident. Durant des semaines, ce débat fait couler beaucoup d’encre en Israël. Tout au long des deux semaines qui ont suivi le débat, les commentaires dans la presse israélienne continuent et la question du nucléaire israélien se trouve au cœur de la société. Le spécialiste incontournable Gerald Steinberg dans un article publié le 18 février (2000) 731 , par le Jerusalem Post, qualifie ce débat de “farce ”. Pour G. Steinberg, c’est avant tout une discussion brève sur un sujet sérieux : la dissuasion nucléaire israélienne. « Les députés ont montré qu’ils manquaient de la maturité nécessaire pour tenir une discussion sérieuse sur les sujets fondamentaux liés à la sécurité nationale », écrit Gerald Steinberg. « Au lieu de débattre les points forts et les points faibles de la politique nucléaire israélienne, les participants n’ont pas pu débattre sobrement les alternatives. » D’après Gerald Steinberg, « une dissuasion nucléaire basée sur l’ambiguïté a peut être perdu son efficacité. » ( 732 )

« Cette option de dissuasion est la moins mauvaise pour un si petit État entouré de voisins dangereux » écrit Steinberg. Il ajoute que « le vrai débat doit porter sur les tentatives de l’Iran ou de l’Iraq de développer des programmes nucléaires. » (…) « Israël, d’après Steinberg, doit repenser sa doctrine nucléaire et doit se doter d’une force de seconde frappe. » Il explique que « l’ambiguïté israélienne représente le niveau minimum pour le maintien de la dissuasion étant donné que cette option a en grande partie motivé certains pays arabes à opter pour une solution de paix. » Ayant appris à vivre avec son secret nucléaire, l’État hébreu présente un apparent manque d’intérêt à soulever davantage ce sujet. Cela ne surprend plus personne, explique Merav Datan (2000) 733 .

D’après Datan, « il est facile de réduire ce débat à la division familière Arabes contre Juifs ou ennemis contre patriotes. C’est une explication simpliste pour parler de la profondeur du conflit interne relevé par la Knesset. » Cette division autour du sujet des armes nucléaires permet, à certains, d’éviter de se poser la question si les armes nucléaires sont un bon ou mauvais choix pour la sécurité d’Israël ? Sont-elles devenues contre-productives, même si ces armes ont eu, avec le silence, un rôle de dissuasion dans le passé ? se demande Datan (2000) 734 .

Notes
731.

Gerald Steinberg, “The Knesset’s Nuclear Farce”, Jerusalem Post, 18 février 2000.

732.

Ibid.

733.

Merav Datan, “Relaxing the Taboo : Israel Debates Nuclear Weapons”, Disarmament Diplomacy, N. 43, janvier/février 2000.

734.

Ibid.