Chapitre XII : l’échec

Les analyses empiriques de l’échec de la dissuasion ont identifié des cas pour lesquels les décideurs ont bien fait des calculs allant dans le sens des attentes faites par les théories de la dissuasion, mais ont totalement agi dans le sens inverse des prédictions de ces théories. Ces décideurs ont bien calculé les coûts très élevés de la guerre. Ils estiment minimes les probabilités de gagner celle-ci ; mais choisissent de défier la dissuasion. Les Japonais font, en 1941, ce calcul et attaquent les États-Unis, souligne Robert Jervis (1989) 773 . En 1973, Sadate, estime que le coût économique et politique de l’inaction est trop élevé. Ce calcul a motivé le choix de Sadate de se lancer dans une guerre. En mai 1967, les décideurs égyptiens font un mauvais calcul du coût d’une action militaire. Ils veulent défier la dissuasion israélienne et se basent alors sur un mauvais calcul et une sous-estimation des coûts d’une action militaire contre Israël. Ils surestiment les probabilités de gagner la guerre. L’action égyptienne est dictée par un besoin politique en réponse à des pressions internes en Égypte et dans le monde arabe.

Au départ, la pression américaine fonctionne et empêche les Israéliens de mener une action préventive contre les Égyptiens le 28 mai 1967. En 1967, les Égyptiens pensent, avec leurs évaluations, leurs calculs et leurs estimations, que les pressions américaines sur Israël dissuaderaient l’État hébreu d’agir militairement et de façon massive contre les provocations égyptiennes. Le Caire a émis ses hypothèses et a compté sur la pression de Washington. L’armée égyptienne entame des actions de survol dans le désert israélien à la mi-mai 1967 et un des avions égyptiens qui survole les installations nucléaires israéliennes de Dimona est abattu. La guerre devient inévitable (Harold Hogue, 1991) 774 , (Seymour Hersh, 1991) 775 .

Notes
773.

Robert Jervis, “Rational deterrence theory and evidence”, World Politics Review, Vol XLI, N. 2, janvier 1989.

774.

Harold Hough & Pete Sawyer, “Israeli nuclear infrastructure”,Janes Intelligence Review, novembre 1994.

775.

Seymour Hersh, The samson Option, New York, Random House, 1991, 354 pages.