Les groupuscules armés

Paradoxalement les armes nucléaires israéliennes n’ont pas dissuadé les milices libanaises du Hezbollah d’attaquer de façon continuelle le nord d’Israël. Ces armes n’ont pas dissuadé non plus les activistes du Hamas de harceler de manière permanente les colons israéliens dans les territoires occupés, de la bande de Gaza et de la Cisjordanie. En avril 2004, le Premier ministre israélien Ariel Sharon soumet aux membres de son parti le Likoud, à un référendum, un plan portant sur un retrait de Tsahal de la bande de Gaza. Les membres du Likoud votent et rejettent avec une grande majorité le plan de Sharon avant de l’adopter à la fin du mois de septembre (2004) 785 . À la Knesset un débat a eu lieu et le plan est adopté avec une majorité à la Knesset le 26 avril 2004. Ce plan de retrait rappelle le retrait du Tsahal du sud Liban ordonné par le Premier ministre travailliste Ehud Barak en mai 2000, cinq semaines avant la date prévue. Le retrait du sud Liban coïncide avec la fin d’un mois de discussions sur la révision du TNP à New York. Ce retrait est considéré comme un événement majeur, et par les Arabes, comme une conséquence de l’unique défaite infligée au Tsahal par une guérilla arabe, le Hezbollah. Au Liban, on célèbre la fête et on crie victoire. Ce retrait est interprété de plusieurs façons. En Occident, les photos des chars abandonnés par l’armée israélienne ont surpris les observateurs. La presse parle de l’événement comme d'une débâcle et d'une sortie par la petite porte. On lit aussi des titres comme scènes de fuite, effondrement, ou encore opération débandade. Côté arabe, on parle d’une victoire et d’un jour de gloire. À Damas, puissance tutélaire au Liban, on se trouve privé d’un levier pour obtenir de l’État hébreu un retrait du Golan. Les Syriens se retrouvent face à une victoire psychologique et politique de leur pire ennemi : le Hezbollah. Si les Libanais ont fait la fête, en Israël le soulagement était présent et la population approuve la décision de Barak écrit Le Monde ( 786 ). Le quotidien Libération, dans son éditorial du 24 mai (2000) 787 , considère que ce retrait est une fausse manœuvre, et que les conséquences sont d’ores et déjà désastreuses : « alors que Barak espérait, à l’origine, prendre Damas à contre-pied, le Premier ministre israélien se trouve face à une victoire psychologique et politique de son pire ennemi, le Hezbollah » écrit Libération.

Notes
785.

Le Premier ministre israélien Ariel Sharon affirme que le retrait de la bande de Gaza prévu en 2005 commencerait en mai et ne devrait pas durer plus de douze semaines, a rapporté le quotidien Haaretz dans son édition du 14 octobre 2004. M. Sharon, qui s'adressait à la commission parlementaire des Affaires étrangères et de la Défense, affirme fin septembre 2004, que le retrait de la bande de Gaza et l'évacuation des 21 colonies de ce territoire prendrait fin en septembre 2005 et durerait trois mois. M. Sharon entend évacuer la bande de Gaza ainsi que quatre colonies isolées du nord de la Cisjordanie en 2005 dans le cadre de son plan de séparation unilatérale d'avec les Palestiniens. Le 6 juin 2004, M. Sharon obtient l'accord de principe de son gouvernement à son plan, en dépit de fortes résistances au sein du Likoud, sa propre formation, et de l'opposition farouche des colons de Cisjordanie et de la bande de Gaza.

786.

Antoine Basbous, Le Monde, 26 mai 2000, p. 19.

787.

Jacques Amalric, Libération, 24 mai 2000.