Le nouvel environnement régional

Dans le deuxième âge nucléaire, la puissance dominante américaine se rend à l'évidence qu'il doit changer de doctrine. Qu’en est-t-il d’Israël ? En avril 2000 et lors du premier sommet Europe-Afrique qui a eu lieu au Caire, des pays européens ont jugé “inappropriée ” une demande égyptienne d’inclure dans le document final du sommet, une “référence expresse ” à une zone sans armes nucléaires au Moyen-Orient, qu’ils estiment dirigée contre Israël (selon une déclaration du chef de la diplomatie belge Louis Michel). « Il s’agit d’un sommet Europe-Afrique et non pas d’un sommet Europe-Moyen-Orient », a indiqué le ministre belge à l’issue d’une réunion préparatoire du sommet du Caire le 3 avril 2000. L’Égypte renouvelle cette même démarche le 24 avril 2000, lors de l’ouverture des discussions à New York sur la révision du traité de non-prolifération des armes nucléaires. La voix de l’Égypte, comme cinq ans auparavant, lors du sommet de 1995, n’est pas entendue. La victoire américaine en Irak creuse l'avantage stratégique dont bénéficie Israël face à ses voisins, mais nécessite un réexamen des priorités pour l'armement de l'État hébreu, selon les experts militaires du JCSS. « L'avantage dont bénéficiait Israël face à ses voisins arabes s'est creusé avec la disparition de la menace que faisait peser l'Irak », estime Ephraïm Kam, Directeur adjoint du JCSS à l'occasion de la publication du rapport annuel de cette institution intitulé « L'équilibre stratégique au Moyen-Orient 2002-2003. »

Un deuxième rapport portant sur l'après-guerre en Irak a également été présenté lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv le 21 septembre 2003. Selon M. Kam, la victoire américaine en Irak devrait « freiner la course aux armements dans la région car elle a permis de mettre fin à un régime radical, et d’exposer la faiblesse du monde arabe tout en suscitant des pressions américaines accrues sur des pays tels que l'Iran, la Libye ou encore la Syrie. » M. Kam ajoute, « si les États-Unis ne parviennent pas à stabiliser la situation en Irak, certains des bénéfices qu'Israël a retirés de cette guerre disparaîtront. » Faisant allusion au budget de la Défense, le général de brigade de réserve Shlomo Brom, estime que les responsables israéliens devraient profiter de cette situation pour « sacrifier certaines vaches sacrées.(…) L'abandon du projet de construction d'un nouveau modèle de char Merkava me semble positif car Israël doit, avant tout, investir dans les secteurs où nous disposons d'un réel avantage technologique », explique M. Brom. Il faisait ainsi allusion au vif débat opposant depuis quelques semaines le ministre des Finances et ex-Premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui souhaitait imposer des coupes drastiques dans le budget de la Défense 2004, en raison de la disparition de la menace irakienne sur le front oriental. Soumis aux pressions de l'armée et du ministère de la Défense, le Premier ministre Ariel Sharon n'a donné son feu vert qu'à une réduction trois fois inférieure à celle préconisée par le Trésor.