L’assassinat comme mesure préventive

“Non-dissuadable“, Saddam Hossein est considéré comme l’ennemi juré de l’État hébreu. Un plan de son assassinat est élaboré en 1992, après que le Président irakien ait lancé 36 missiles Scuds sur les territoires israéliens pendant la guerre du Golfe en 1991. Le chef de l'armée israélienne est alors le Général Ehud Barak, qui sera ultérieurement Premier ministre. L’information est révélée 11 ans après, en décembre 2003, par les journaux israéliens. Ce plan a avorté après qu'un exercice de formation ait mal tourné. Les quotidiens Yédiot Aharonot et Maariv écrivent que les forces israéliennes s'étaient exercées pour une opération dans laquelle elles auraient lancé un missile conçu spécialement pour atteindre Saddam Hussein pendant qu' il aurait assisté à l' enterrement d' un parent. Cependant, un exercice de formation pour l'opération a eu pour résultat la mort de cinq soldats israéliens le 5 novembre 1992, et le plan n’a jamais été mis en exécution. Le plan avorté aurait été effectué par une unité d' armée appelée Sayeret Matcal, selon les quotidiens. Mais en novembre 1992, après un accident ayant fait cinq tués au sein de l'unité d'élite qui devait l'éxécuter, elle a été remisée au placard. C’est dans la foulée de la capture de l'ex-dictateur irakien Saddam Hussein par les forces américaines, que la censure militaire israélienne lève le voile du secret sur cette opération préparée afin de liquider son ennemi juré. Les deux grands quotidiens Yédiot Aharonot et Maariv consacrent alors leur “Une” et de nombreuses pages à l'opération qui a pour nom de code “Buisson de ronces”( 840 ). Une piste d'atterrissage de fortune devait être aménagée à cet effet dans le secteur que devait survoler, le jour J, un avion radar israélien. Le 5 novembre 1992, l'État-major au complet, dont le général Amiram Levin, maître d’œuvre du projet, assistent à l'une des dernières répétitions sur la base de Tséilim. C'est alors que l'audacieux projet tourne à la tragédie. Un missile réel est tiré par erreur en direction de la cible alors que l'exercice devait être à blanc. Le scandale est tel, que l'État-major est contraint de remiser le projet au placard. À l'époque, il ne fut question que d'un accident malheureux au cours d'une manoeuvre.

Le capitaine Doron Kampel qui a donné l'ordre de tirer a été condamné à trois mois de prison avec sursis et rétrogradé. Depuis, il vit à Boston, aux États-Unis. Ben Caspit, l'un des éditorialistes du Maariv, dénonce alors le caractère « mégalomaniaque du projet qui, en cas d'échec, écrit Ben Caspit, aurait pu mettre la région toute entière à feu et à sang. Pour pondre une idée comme Buisson de ronces, il fallait un cerveau particulier : assez de mégalomanie, beaucoup d'imagination, de l'audace, de l'arrogance, une courte vue et un surcroît d'assurance », ajoute M. Caspit. Il souligne que, « la liquidation de Saddam Hussein aurait été un pur acte de vendetta, comme ceux commis entre les familles de la pègre et non entre États. Contrairement à l'attaque de la centrale nucléaire irakienne (Osirak), 11 ans plus tôt, l'assassinat planifié de Saddam n'aurait pas été une mesure préventive, mais une compensation tardive aux frustrations (engendrées par) les Scud de l'hiver 1991 », conclut Ben Caspit.

Notes
840.

Selon le quotidien Maariv, à aucun moment, l'opération n'a reçu le feu vert définitif du gouvernement travailliste d’Yitzhak Rabin de l'époque sous lequel elle est planifiée. L'idée de liquider Saddam Hussein soupçonné de développer des armes de destruction massive, chimique, bactériologique et nucléaire prend alors corps, et le chef d'état-major, à l'époque le général Ehud Barak, lance les préparatifs de l'opération. C'est la Sayeret Matcal, la prestigieuse unité d'élite de l'état-major qu'il a commandé, spécialisée dans les opérations de commando au-delà des frontières d'Israël, qui en est chargée. Les renseignements israéliens établissent avec certitude que Saddam Hussein participe aux funérailles de celui qui fut son père adoptif, son oncle Khairallah Telfah, dont il a épousé Sajida, l'une des filles. L'oncle aimé est atteint du diabète et ses jours sont comptés. Les funérailles devant avoir lieu à Owja, la ville natale de Saddam Hussein, non loin de Tikrit (nord), une maquette du cimetière d'Aujah est réalisée au centimètre près de Tséilim, une base israélienne dans le désert du Néguev (sud). Le commando devait être acheminé par avion sur un site, à 12 km du cimetière d'Owja. De là, deux missiles téléguidés de “conception secrète” devaient être tirés sur le dictateur irakien.