Revoir la conception de l’ambiguïté

Et en juillet 1998, Yitzhak Mordechaï, alors ministre de la Défense, déclare que « tout est prêt pour être clarifié dans un nouvel environnement stratégique. » (MIIS 1998) 889 . Les sources parlementaires israéliennes et le gouvernement confirment en juin 1998, qu’Israël étudie formellement le fait de revoir sa politique de l'ambiguïté nucléaire. Plusieurs institutions sont impliquées comprenant le Ministère de la Défense, le Ministère des Affaires étrangères et le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou (Steve Rodan, 1998, p. 3) 890 . David Ivry, un ancien commandant de l'Armée de l'Air et directeur général du Ministère de la Défense, coordonne les consultations. Une commission est formée afin d’étudier le nouveau contexte régional et de formuler une conclusion qui évalue et fasse une analyse des conséquences politiques, opérationnelles, et budgétaires associées à la force stratégique de dissuasion nucléaire, écrit le Defence News, (1998) 891 . Lors d’une interview en 1995, David Ivry explique que les Israéliens ont besoin d’une force stratégique basée sur des capacités de seconde frappe “Second strike ”. Ivry fait également référence à la doctrine nucléaire des États-Unis durant la guerre froide de la destruction mutuelle assurée, MAD (Mutual Assures Destruction), comme modèle pour Israël écrit le Washington Times (1998) 892 .

Lors d’une interview effectuée par Defence News, le ministre de la Défense Yitzhak Mordechaï explique que « tout est sur la table. (…) Nous examinons les changements de l'environnement géopolitique, les changements de nos propres capacités et d'autres facteurs principaux pour assurer notre stratégie et sa mise à jour. » Mais Y. Mordechaï indique qu'il « ne soutient pas un changement radical de la politique de l'ambiguïté nucléaire. » Il pense que la politique israélienne affichant ne pas être le premier pays à introduire les armes nucléaires dans le Moyen-Orient, a bien servi et au moins pour l'instant, elle devrait rester en place et sans changement (Barbara Opal-Rome, 1998) 893 . Le Général Yitzhak Ben-Yisrael, du Ministère israélien de la Défense, souligne que bien que la politique préventive nucléaire d'Israël demeure importante dans la doctrine de la défense du pays, le développement des possibilités des frappes préventives est également nécessaire. « Un petit pays, dit-il, ne peut pas entrer dans une bataille pendant des périodes prolongées et l'option d'une frappe préventive est en conformité avec nos forces. » Ben-Yisrael note également qu'« Israël est dans une situation paradoxale. Vous ne pouvez pas dissuader n'importe qui sans lui montrer vos possibilités ; pourtant Israël n'est pas intéressé pour faire savoir ses potentiels et capacités nucléaires »(Amnon Barzilai, 1998) 894 . De son côté, le Comité des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset tient à son tour une série d'auditions à huis clos. Le Président du Comité Gideon Ezra ne pense pas qu'il y ait un besoin de changement dans la position actuelle. Selon les propos de Gideon Ezra, « ce que les ennemis d'Israël ne savent pas, c’est que ce qu’ils ne savent pas est plus menaçant que ce qu’ils savent. » (Barbara Opal-Rome, 1998) 895 , (Steve Rodan, 1998) 896 . Ephraim Sneh, Président du sous-comité de la Défense de la Knesset, qui affirme le 5 août 1998, que la « dissuasion traditionnelle ne fonctionne plus », décrit la position du parti travailliste, demandant qu’« Israël ne tolère plus les armes nucléaires dans les mains des États hostiles. » Etant donné que l'Iran va développer les armes nucléaires dans un proche avenir, Israël doit investir plusieurs milliards de dollars pour assurer une possibilité de seconde frappe ( 897 ).

Notes
889.

Weapons of Mass Destruction in the Middle East, Israel’s Nuclear Poster Review, Montery Institude for International Studies, été 1998.

890.

Steve Rodan, “Israel Mulls Stance Amid New Threats”, Defence News, 29 juillet 1998.

891.

Barbara Opal-Rome, “Israel Officials Hint at Cracks In Nuclear Code of Silence,” Defense News, 14-20 September 1998, p. 6.

892.

Eliot A. Cohen, Michael J. Eisenstadt, et Andrew J. Bacevitch, “Jewish State Studies Atomic Arms Option After Founding,” Washington Times, 12 Août 1998.

893.

Ibid.

894.

Amnon Barzilai, Haaretz, 25 août 1998, “Military Reviews Nuclear Policy, as Israel Called 'Vulnerable' to Missile Attack”,.

895.

Ibid.

896.

Steve Rodan, “Israel Mulls Nuke Stance Amid New Threats,” Defense News, 29 juin - 5 juillet 1998, p. 3.

897.

Barbara Opal-Rome, “Israel Officials Hint at Cracks in Nuclear Code of Silence,” Defense News, 14-20 September 1998, p. 6.