2. Conclusion

Ce premier chapitre ne prétend pas lever les ambiguïtés contre lesquelles les chercheurs se battent depuis des décennies. L’objectif est d’exposer quelles combinaisons seront considérées comme des noms composés au sein de la présente étude. Il met l’accent sur les aspects caractéristiques des noms composés. Confronter les définitions de tous les types de lexies – composées, primaires, dérivées, simples, prépositionnelles, complexes – et celle de la collocations et de la séquence fortuite fait ressortir les particularités des lexies composées. Nos conclusions seront complétées par quelques données nécessaires à l’étude des noms composés du lexique d’Internet.

Cette analyse de la composition et du nom composé est essentielle car la composition nominale est un « phénomène complexe » (Gross, 1996 : 29). Savoir quels éléments entrent dans la formation des composés est nécessaire pour identifier les noms composés du lexique d’Internet. Cependant, les propriétés étudiées ne sont pas toujours suffisantes pour distinguer les lexies composées N + prép + N, N + A et A + N des séquences fortuites et de certaines collocations de structure identique. Boisson (1980 : 244) va jusqu’à dire qu’aucune définition rigoureuse ne peut être donnée et qu’il n’existe probablement pas de définition opératoire permettant de savoir si une séquence est un mot composé ou une séquence fortuite. C’est pourquoi, dans un premier temps, nous n’écarterons aucun candidat terme 39 et plus précisément aucun candidat composé. Tant que tous les types de groupements constitués d’unités lexicales ne seront pas clairement différenciés, seront extraits de nos corpus les assemblages sentis comme des composés (par rapport aux données dont nous disposons). Ceci ne signifie évidemment pas que nous renonçons à tout critère de différenciation. Une batterie de tests sera appliquée aux candidats composés.

Notes
37.

« La néologie est l’introduction dans une langue de néologismes, au sens large du mot, c'est-à-dire de nouveauté lexicales, quelle qu’en soit la nature […] » (Tournier, 1991b : 125).

38.

La motivation est la « conscience que peut avoir personnellement un usager de la raison pour laquelle tel signifié correspond à tel signifiant (ou inversement) […] » (Tournier, 1991b : 122). La motivation, de type indirect en matière de composition, peut être morphologique, sémantique ou morphosémantique. Par exemple, il n’y a aucune raison pour qu’une boîte soit dénommée par EN box et le courrier par mail. En revanche, une raison de second degré fait que le dispositif destiné à recevoir le courrier à acheminer par le service postal soit désigné par la lexiemailbox. Dans la terminologie d’Internet, une analogie de fonction (métaphore) entre la mailbox traditionnelle et l’application informatique gérant le courrier électronique fait que le terme mailbox est sémantiquement motivé.

39.

Les candidats termes sont des « mots ou séquences de mots susceptibles d’être retenus comme termes par le terminologue ». (Bourigault et Jacquemin, 2000 : chapitre 9)
Source : http://www.univ-tlse2.fr/erss/membres/bourigault/bourigault-jacquemin.rtf