1.2. L’accentuation des composés français

L’accent tonique français est un accent de groupe de mots et non un accent de mot. Cet accent oxytonique n’est pas un accent distinctif. Il ne sert pas à différencier des lexies ou des syntagmes comme en anglais, ni à marquer les exceptions comme en espagnol. L’accent français a une valeur démarcative ; il sépare des unités syntaxico-sémantiques. De fait, les règles de séparation des lexies ne sont pas les mêmes à l’écrit et à l’oral. Lorsqu’on écrit, on sépare les lexies par des blancs et lorsqu’on parle les lexies s’enchaînent (Marchello-Nizia, 1995 : 184).

L’accent étant oxytonique, le premier élément d’un composé est le plus affecté par l’assemblage surtout si c’est un adjectif monosyllabique (Catach, 1981 : 36). Il devient une particule du second élément. L’auteur cite comme exemples :

On remarque, à travers ces exemples, qu’un transfert d’accent s’opère de maison vers la syllabe finale. La lexiemaison ne porte plus l’accent principal comme lorsqu’elle est employée seule mais un accent secondaire. Les exemples de Catach montrent que, dans les séquences fortuites (maison des voisins) et les composés (maison de repos), c’est la dernière syllabe qui est accentuée. Catach ajoute que l’intégration du premier élément s’accompagne d’autres modifications comme la perte de la nasalité et la disparition de l’e caduc.

Léon (2000) fournit l’exemple suivant : la petite (01), la jolie (01), la jolie petite (0001), la jolie petite maison (000001). Dans cette séquence fortuite l’accent se déplace sur la syllabe finale. Les composés suivent-ils la même règle ? Il ne doit pas y avoir de différence accentuelle entre une séquence fortuite, une collocation et un composé puisque l’accent français est un accent de groupe. Si l’on reprend l’exemple de Catach, le dernier élément porte bien l’accent principal mais on constate la présence d’un accent secondaire (maison de repos, 02/01).

Pour conclure, en français, le critère de l’accentuation ne permet pas de déterminer la nature d’un groupe de lexies. Le caractère oxytonique de l’accent français le rend inutilisable pour la différenciation entre une lexie composée, une séquence fortuite et une collocation.