Notre analyse de l’accentuation des composés espagnols sera basée sur la thèse de De Bustos Gisbert (1986) dans laquelle l’accentuation de chaque type morphologique est détaillée (N + de + N, A + N ou N + A, N + N, V + complément, V + V, N + i + N, A + A, Adv + A). Ne seront considérés que les types très fréquents dans la terminologie d’Internet.
Les composés N + de + N se caractérisent par une pluralité accentuelle due à la présence de la préposition de entre les deux lexies : caña (10) de azúcar (010), lengua (10) de gato (10). Ces composés comportent deux accents principaux. Dans certains cas (moins de 3% du corpus de l’auteur), ils s’écrivent en un bloc (estrella de mar (010, 01) devient estrellamar(0001)) et/ou la préposition de est supprimée (azúl (01) de mar (1) devient azúl már (011)). Comme le montrent ces deux exemples, l’accentuation des composés « amalgamas » n’est pas homogène : ils comportent un ou deux accents. L’unité accentuelle semble plus fréquente pour les composés dont les deux éléments sont dissyllabiques (telaraña, 0010) que pour ceux dont le deuxième élément est trisyllabique (palo áloe, 10100).
Les composés A + N ou N + A oscillent aussi entre unité et pluralité accentuelle : 68,068% ont deux accents, 25,33% ont un accent, et un doute subsiste pour 6,602%. Comme l’illustre le tableau 2, une raison sémantique liée à l’endocentrisme ou à l’exocentrisme des composés explique cette fluctuation.
Type | Accents | A | P | Total | % |
Endocentrique (615) | 1 accent | 24 | 24 | 48 | 7,8 |
2 accents | 17 | 516 | 533 | 86,5 | |
Incertitudes | 9 | 25 | 34 | 5,5 | |
Exocentrique (218) | 1 accent | 84 | 79 | 163 | 75 |
2 accents | 4 | 30 | 34 | 15,5 | |
Incertitudes | 6 | 15 | 21 | 9,5 |
Ce tableau indique que les composés endocentriques ont majoritairement deux accents et les exocentriques un seul. Plusieurs facteurs expliquent les exceptions : a) la présence du – i – de liaison ou de suffixes (caldibaldo, cuentacorrentista), b) l’accentuation de l’adjectif peut s’affaiblir s’il est antéposé indépendamment de la nature sémantique, c) l’historique du composé, d) la possible lexicalisation ou la démotivation du composé s’accompagnent parfois de la perte d’un accent (Nochebuena, Nochevieja), e) l’unité accentuelle semble favorisée par l’écriture en un bloc.
Accent | Nombre | % |
Un accent | 175 | 73,83 |
Plus d’un accent | 31 | 13,08 |
Incertitudes | 31 | 13,08 |
Pour le type N + N, la tendance est l’unité accentuelle. Cependant, De Bustos Gisbert rappelle que son corpus est basé sur des dictionnaires, des glossaires et que, par conséquent, les composés sont lexicalisés, figés dans la langue. Les travaux d’autres chercheurs font ressortir un nombre supérieur de composés pluri-accentués.
Selon De Bustos Gisbert (1986 : 184), cinq facteurs expliquent la pluralité ou l’unité accentuelle des N + N :
Compte tenu des divergences entre les ouvrages lexicographiques et entre les locuteurs, De Bustos Gisbert, comme Boisson et Bauer, avertit le lecteur de la valeur relative de ses résultats. De plus, étant donné la pluralité accentuelle observée pour les types N + de + N, A + N, N + A et N + N, l’accent n’est pas un critère fiable en espagnol, pas plus qu’en anglais et en français. Par conséquent, nous jugeons inutile de déterminer la nature de groupements de lexies au moyen de tests.
A indique que l’adjectif est antéposé et P qu’il est postposé.