3.4. Critère de séparabilité des constituants

On ne devrait pas parvenir à intercaler librement un adjectif dans un composé :

Dans ces exemples, le déterminé et le déterminant des composés anglais, français et espagnols A + N, N + A, PS + N et N + N ne peuvent pas être séparés par un adjectif. Il faut préciser qu’en anglais, le placement des adjectifs n’est pas libre. Il répond à un ordre défini : les adjectifs exprimant une opinion puis les adjectifs descriptifs (a) couleur, b) origine/lieu, c) matière, d) fonction). 47 Comme nous n’avons pas prêté attention au choix des adjectifs intercalés, cela explique que *encrypted powerful virus, entre autres, est impossible. Les éléments des séquences fortuites et des collocations peuvent-ils être séparés ?

Si les éléments des séquences libres et des collocations ci-dessus ne peuvent être interrompus, c’est parce que l’ordre des modificateurs est important. Les modificateurs proches du déterminé sont plus pertinents que ceux qui sont éloignés et les modificateurs les plus éloignés ont un impact sur ceux qui sont proches (Bauer, 1998 : 82). Sachant cela, lors d’un test, le choix et l’ordre des modificateurs peuvent être manipulés en fonction des résultats espérés (FR un stylo neuf, un stylo bleu neuf mais *un stylo cher neuf). Par ailleurs, l’impossibilité d’interrompre les composés EN black hat et firewall est due à leur exocentricité. L’opacité sémantique (ou non-compositionnalité) et les restrictions syntaxiques vont de pair (Gross, 1996 : 12).

Enfin, si l’adjectif d’une séquence fortuite N + A est un adjectif relationnel, les éléments sont alors inséparables (Arnaud, 2003 : 26) :

Ce critère, applicable à tous les types compositionnels, n’est donc pas non plus un bon moyen de distinguer les composés par rapport aux séquences fortuites et aux collocations puisque, sous certaines conditions, les constituants de séquences fortuites et de collocations sont inséparables, tout comme peuvent l’être le déterminant et le déterminé de lexies composées.

Notes
47.

Source : Swan Michael, Walter Catherine, 2004 (1997), How English Works, A Grammar Practice Book, Oxford, OUP, p.73.