2.2. La typologie de Béciri

La typologie de Béciri concerne un domaine connexe à Internet, l’informatique. Dans sa thèse, La Néologie dans le domaine microinformatique professionnel en français et en anglais : création lexicale et explication en contexte (1999), Béciri analyse les particularités de la création lexicale et les procédés de transmission du sens dans les discours techniques intermédiaires de la communication spécialistes/utilisateurs en français et en anglais. L’auteur consacre quelques pages à la structure morphosémantique des noms composés dans la partie consacrée aux procédés de création lexicale. Elle dégage les types suivants :

a) Typologie des types formels

  • Composition syntagmatique

N + prép + N (table d’allocation de recherche)

  • Composition par juxtaposition de deux éléments

N + N

N + A

N + participe adj

b) Typologie des relations syntaxico-sémantiques

  • Composés situatifs
    • Description

N + A (coupure automatique, menu déroulant)

N + N (document maître, logiciel compagnon)

Certains N + Adv (dictionnaire en ligne)

Identité (X-Y = un X qui est aussi un Y)

N + N (ligne-repère, mot-bouton)

  • Qualification

N + A (document composite, version intégrale)

N + Vpp (aide intégrée, fenêtre indentée)

N + prép + N (aide en ligne, menus en cascade)

N + N (composition type, page maîtresse)

N +Vppr (fenêtre recouvrante, menu déroulant)

NC + A (interface utilisateur)

  • Relations complexes

N + prép + N (champ de texte, attribut de caractères)

N + N (interface utilisateur, cadre-texte)

NC + prép + N (entrée de texte au kilomètre)

N + A (mode graphique)

N + NC (mode noir au blanc, vue pleine page)

N + p + N + p + N (table d’allocation de fichier)

N + p + NC (virus du secteur de démarrage)

  • Composés actanciels (relation prédicative)
    • Action

N + p + N (capture d’écran, gestion de plan)

N + N (compression-décompression, mode apprentissage)

Vcomp + A (couper/coller glissant)

N + p + NA (échange de données dynamique)

N + A (correction orthographique, enregistrement automatique)

N + et + N + p + N (lien et encapsulation d’objets)

NC +A (mise en forme directe)

N + N + N (mode Affichage-Révision)

N + NC (mode d’entrée de texte, mode mise en page)

  • Outils

N + p + N (accélérateur de clavier, case de pointage)

N + p + N + p + N (barre d’aire à la fusion, marque de fin de paragraphe)

N + N (case Icône, icône texte)

N + NC (case plein écran)

N + A (correcteur orthographique, lien dynamique)

N + p + NC (éditeur de fonctions scientifiques, éditeur de formules mathématiques)

NC + A (environnement d’exploitation graphique)

N + p + N + N (fichier d’information programme)

N + A + p + N (interface graphique d’exploitation)

Dans sa classification des types formels, l’auteur commente uniquement les deux grands types et quelques sous-types fréquents. À l’instar d’Almela Perez (1999), Béciri distingue la composition syntagmatique de la composition par juxtaposition.

L’étude syntaxico-sémantique de Béciri est différente de celles menées habituellement. La plupart des typologies sémantiques retracent la diversité des relations sémantiques simples (moyen, but, manière, possession, etc. ; voir Depierre, Part. I, Ch. 1, Sec 2.1.). Béciri (1999 : 141) précise que les composés situatifs (coupure automatique, logiciel compagnon) se caractérisent par « un rapport de qualification de nature statique : il s’agit d’une structure coordonnante qui va servir par exemple à décrire un objet, un produit, une fonction ». Les composés actanciels (gestionnaire de X, capture de X) se caractérisent par « la présence entre les éléments d’une relation prédicative de type actanciel : le schéma sous-jacent réfère dans ce cas à une opération. Les éléments […] sont le plus souvent des noms d’agent ou d’action, ou des dérivés verbaux » (1999 : 141).

Deux remarques s’imposent :

  • La première catégorie du classement des types formels – N + prép + N – englobe les composés binaires et les surcomposés. La même remarque est valable pour les juxtaposés.
  • Tous les types formels qui figurent dans la typologie syntactico-sémantique ne figurent pas dans la première qui est morphologique.

L’analyse de cinq typologies démontre que si les auteurs parviennent à s’entendre sur les matrices lexicogéniques, ils sont en désaccord en ce qui concerne l’articulation et le contenu des divers types qu’elles renferment. Des auteurs ayant des buts semblables – la description pour Tournier et Almela Perez, par exemple – construisent parfois des typologies totalement différentes.

En conclusion, grâce au travail effectué dans ce chapitre, lors de la création de nos typologies (Part. II, Ch. 1, Sec. 3) nous disposerons de plusieurs critères utilisables conjointement : le nombre d’éléments, les relations syntaxiques et sémantiques entre les éléments, les catégories grammaticales des formants, la catégorie grammaticale du composé, l’ordre de détermination, la productivité des types (Almela Perez, 1999 : 25). Nous pourrons opérer une pré-sélection parmi ces critères. Le choix des catégories des classifications et la définition du degré de précision à adopter sera fonction de nos deux objectifs : la création d’un système d’équivalences types et la description des composés du lexique d’Internet.