3.2. La constitution de notre typologie

3.2.1. Typologie morphosyntaxique : la base du système d’équivalences types

Notre typologie devra être opérante pour l’analyse descriptive et surtout pour l’élaboration du système d’équivalences types. Elle en constituera la toile de fond puisque les équivalents français et espagnols des noms composés anglais seront créés d’après le patron syntaxique de ces derniers : si NCa 70 est de structure Sa alors la structure de Ef sera Sf et celle de Ee sera Se. Le travail sera effectué à partir d’une typologie des noms composés anglais recueillis dans le corpus. Nous étudierons les équivalents français et espagnols correspondant aux noms composés anglais recueillis pour dégager les tendances de traduction en français et en espagnol. Ces tendances seront ensuite utilisées pour créer des équivalents aux néologismes composés anglais qui n’ont pas d’équivalents en français et en espagnol. Nous pouvons d’ores et déjà avancer, en ce qui concerne le vocabulaire existant, que les composés anglais sont le plus souvent rendus en français et en espagnol au moyen du calque. 71 Si le patron de NCa est N + N alors Ef et Ee seront créés d’après le patron N + de + N. Le tableau 6 résume la démarche envisagée.

Tableau 6 : Utilisation des patrons syntaxiques des noms composés anglais dans le système d’équivalences types
Composé anglais (NC a ) Patron syntaxique anglais (S a ) Structure française (S f ) 72 Equivalent français (E f ) Remarques
1 e-mail PS 73 + N PS + N e-courrier Le composé anglais présente l’ordre de détermination des composés français donc le patron syntaxique français peut être identique.
2 address book N + N N +de + N carnet d’adresses Le patron syntaxique N + de + N est très fréquemment utilisé en français pour rendre les N + N anglais.
3 e-mail address PS + N + N N + de + PS +N adresse de e-courrier Sa3 est une combinaison de Sa1 et Sa2. Sf3 est calqué sur Sa3 + modification de l’ordre de détermination.

Étant donné la méthode envisagée, il semble primordial de considérer tous les formants des composés, sans tenir compte de leur utilisation avant Internet ou pas, ni du fait que des composés sont réutilisés dans la formation de surcomposés. Par exemple, si EN e-mail address était de type N + N plutôt que PS + N + N parce que la combinaison PS + N ou N + N existait avant son inclusion dans le surcomposé alors le terme français serait de structure N + de + N, comme adresse de courrier et non N + de + PS + N, comme adresse de e-courrier. Le signifiant du terme français serait alors incomplet et désignerait un concept différent de celui auquel le terme anglais renvoie. Lorsque nous avons extrait les composés de notre corpus, nous avons inclus tous les composés rencontrés sans considérations diachroniques. Écarter les composés dont le signifié existait avant l’utilisation du signe pour Internet nous aurait conduit à éliminer des concepts importants du domaine désignés par des termes empruntés à d’autres domaines (métaphores) comme EN firewall, mailbox, bandwidth, incoming mail, address book, etc.

Notes
70.

NCa = composé anglais, Ef,/e = équivalent français/espagnol, Sa = structure syntaxique du composé anglais, Sf,/e = structure syntaxique de l’équivalent français/espagnol.

71.

Le calque est une variété d’emprunt sémantique où le signifiant du mot étranger n’est pas emprunté tel quel, mais où le mot étranger est traduit littéralement. […] Les calques sont très souvent des mots construits, surtout des composés […]. (Tournier, 1991b : 29).

Un test du système d’équivalences sur les N + N anglais révèle que les équivalents français attestés sont presque exclusivement des calques (Part. III, Ch. 2, Sec. 2.1.).

72.

Les structures yf figurant dans cette colonne ne sont pas issues de statistiques. Elles ont uniquement une valeur d’exemple.

73.

PS = pseudo-confixe (Part. I, Ch. 1, Sec. 1.1.)