1.2.8. Conclusion

Les sept pseudo-confixes de notre corpus anglais peuvent être regroupés dans trois catégories (supra p. 89). Cyber-, meta-, hyper- sont des pseudo-confixes sémantiques. L’utilisation dans le domaine d’Internet de troncations de lexies homographes de confixes classiques confère, en quelque sorte, une nouvelle vie à d’anciens confixes. Web-, net-, e-, -ware sont des pseudo-confixes antérieurs (apocopes) et postérieurs (aphérèses). Net- et e- entraient dans la composition de termes avant l’avènement d’Internet. Net- était alors la troncation de network et non de Internet. E- était déjà la troncation de electronic utilisée dans le cadre de Arpanet, l’ancêtre d’Internet.

Les fréquences des pseudo-confixes sont également diverses :

Figure 1 : Fréquence des pseudo-confixes anglais du corpus
Figure 1 : Fréquence des pseudo-confixes anglais du corpus

Cyber-, rencontré dans 44 termes, est le pseudo-confixe le plus fréquent. Il est suivi de e- qui a formé 40 termes et de web- retrouvé dans 37 termes. Les pseudo-confixes -ware (13 termes), net-, hyper-, et meta- ont des fréquences inférieures. Toutefois, la fréquence des lexies produites avec un même pseudo-confixe est extrêmement variée comme le montrent les chiffres du nombre d’occurrences donnés par Google.com. Cyberspace, e-business, weblog comptent plus de 5 000 000 occurrences, cyberstress, hypertext, e-learning, web address sont répertoriés plus de 1 000 000 de fois alors que cyber-directory, e-tourism, web attack comptent moins de 10 000 occurrences. Aucun terme avec meta- ou net- n’atteint une fréquence dépassant 999 999, et même 9 999 pour -ware. Cyberspace est très sollicité car il désigne un concept beaucoup plus usité que cyber-recruitment, par exemple, et il est souvent employé comme synonyme d’Internet.

Ces chiffres soulignent la fréquence variée des pseudo-confixes. Les termes avec cyber- ou e- sont généralement bien plus fréquents que ceux contenant meta- ou hyper-. Comme le montre notre analyse des termes collectés, les pseudo-confixes sont employés dans des champs sémantiques précis et leur différence de fréquence provient de l’importance des champs sémantiques. Certains pseudo-confixes, comme cyber-, entrent dans des champs sémantiques vastes et d’autres, comme meta-, dans des champs sémantiques plus restreints. Des pseudo-confixes désignant des notions similaires, comme cyber- et e-, sont également prisés par les journalistes (avec respectivement 44 et 40 termes créés).

Enfin, le traitement des pseudo-confixes dans les ouvrages de référence et à l’intérieur d’un même ouvrage est inégal. Dans le MWOD, tous n’ont pas le même statut. Cyber- et e- sont des « combining forms », hyper- et meta- sont des préfixes classiques, net- n’a pas de statut (seul figure un renvoi à l’article sur Internet), web- et -ware sont des noms, mais dans le cas de web- aucune mention n’est faite de sa faculté de former des composés. Pour cyber-, le domaine d’application mentionné est « computer », pour e- le domaine spécifié est « electronic », pour hyper- et meta- aucune mention de leur utilisation dans le domaine d’Internet et de leur nouvelle signification. Dans le CALDO, cyber-, hyper-, meta-, e- et -ware sont des confixes, net- est un nom et web- n’a pas de statut (renvoi à « World Wide Web »).