1.2.9. –ware

-Ware est la troncation du composé EN software et en anglais, dans le domaine d’Internet, son sens est différent de celui du formant signifiant ‘produit, instrument’.

Tous les composés du tableau 42 sont des emprunts anglais. Seul le surcomposé est une création hybride. Le pseudo-confixe -ware a un équivalent français dont la fréquence « type » est bien inférieure : -iciel, la troncation postérieure de logiciel. Un seul terme de notre corpus est construit à partir de -iciel : espiongiciel. Les termes français correspondant aux termes anglais N + -ware ou A + -ware contiennent le nom logiciel et non le pseudo-confixe -iciel alors que le modèle N + -iciel existe. Il est un calque de la structure anglaise : EN adware > FR logiciel anti popup et logiciel espion, EN freeware > FR logiciel gratuit, EN shareware > FR logiciel partagé, EN openware > FR logiciel libre, EN spyware > FR logiciel spyware. Cependant, shareware a comme équivalents français partagiciel, collecticiel ou distributiel, spyware > espiongiciel, groupware > synergiciel, fatware ou bloatware > obésiciel, charityware > caritaticiel, freeware > graticiel, gratuiciel, etc. Plusieurs hypothèses peuvent expliquer la faible implantation de -iciel dans le corpus français :

• La quasi-absence de termes en -iciel est une particularité de notre corpus. Peut-être les revues sélectionnées ont-elles tendance à employer une paraphrase ou un terme transparent pour expliquer un terme anglais, d’où la présence dans notre corpus de termes composés comme logiciel partagé, logiciel gratuit et surcomposés comme firewall logiciel, robot logiciel, logiciel d’accès Internet, logiciel de chat, logiciel de chiffrement, logiciel de connexion Internet, logiciel de courrier, logiciel de cryptage de courrier, logiciel de filtrage, logiciel de navigation, logiciel de news, logiciel de serveur, logiciel d’hébergement, logiciel web. Cependant, les termes partagiciel, gratuiciel et obésiciel ne semblent pas plus opaques que les termes anglais.
• La forte présence de -iciel est une particularité du corpus de Mopoho (1998). D’après l’auteur, la popularité de -iciel est due à l’intensification de l’activité de programmation et de la multiplication de ses allomorphes :-iel, -giciel.
• Le patron N tronqué + -iciel produit des termes dont la fréquence « token » est faible. Le succès des composés anglais est tel que les internautes français les adoptent : adware, freeware, groupware, openware, shareware, spyware sont très fréquemment employés. Ils n’éprouvent pas le besoin de créer des lexies françaises. -Ware est peut-être transparent pour la majorité des internautes français.
• Les pseudo-confixes utilisés dans la formation de termes français sont tous d’origine anglaise (web-, net-, e-, -ware). Excepté -ware, aucun de ces formants n’a été remplacé par un équivalent français. Les instances normatives se sont heurtées à la réticence des internautes en créant des termes avec -iciel pour franciser le vocabulaire d’Internet.