1.2.10. Conclusion

Le corpus français compte neuf pseudo-confixes fréquents (cyber-, e-, hyper-, méta-, net-, télé-, web-, -naute, -ware) et le corpus anglais en contient sept (cyber-, e-, hyper-, meta-, net-, web-, -ware). Le français recense un pseudo-confixe supplémentaire si on considère -iciel et l’anglais en compte deux supplémentaires avec tele- et -naut qui sont très peu fréquents dans nos corpus. Les pseudo-confixes utilisés en français sont incontestablement des emprunts à l’anglais. Certains sont homographes de confixes classiques (cyber-, e-, hyper-, méta-, télé-, -naute). Le français est passif. Il réemploie les formants anglais et ne crée pas de nouveaux pseudo-confixes. Le seul pseudo-confixe français recensé, -iciel, a des problèmes d’implantation. Il est supplanté par -ware pour lequel il est une alternative. L’anglais étant la langue source du domaine, les internautes préfèrent les termes à consonance anglaise.

En français, comme en anglais, la fréquence « type » change considérablement d’un pseudo-confixe à un autre :

Figure 3 : Fréquence des pseudo-confixes français
Figure 3 : Fréquence des pseudo-confixes français

Les pseudo-confixes les plus fréquents en anglais sont aussi les plus fréquents en français. Avec 49 composés, cyber- est le pseudo-confixe le plus représenté dans le corpus français. Il est suivi de web-, présent dans 46 composés. L’écart se creuse avec e-, le troisième formant le plus fréquent avec 32 termes. Les pseudo-confixestélé-, net- et -ware, méta-, hyper- et -naute arrivent ensuite avec respectivement 10, 7, 5 et 3 composés. L’écart de fréquence entre les pseudo-confixes résulte de leur champ d’application. Comme pour l’anglais, les pseudo-confixes sont employés dans des cas précis et certains champs notionnels sont beaucoup plus vastes (cyber-, e-, net-) que d’autres (hyper-, méta-), ce qui explique qu’un plus grand nombre de termes soit recensé.

Sur la plan morphosyntaxique, les remarques sont les mêmes que pour l’anglais. Les pseudo-confixes antérieurs étant les plus nombreux et les plus fréquents, la très grande majorité des composés pseudo-confixés sont contraires à la structure française déterminé/déterminant. L’influence de l’anglais sur l’ordre des éléments se ressent surtout dans le cas des pseudo-confixes clairement identifiables comme des troncations de lexies anglaises (e- ou web-, par exemple). Les pseudo-confixes sémantiques sont des homographes de formants classiques. L’ordre déterminant/déterminé n’est pas dû à l’anglais, mais c’est sous son influence que ces pseudo-confixes sont utilisés en français.

Enfin, nous avons constaté que l’inclusion des pseudo-confixes dans les ouvrages lexicographiques français est loin d’être systématique. Hormis le GR 2001 et le GDT, les dictionnaires et encyclopédies de langue française récents consultés (en ligne ou version papier) répertorient très rarement les pseudo-confixes et très peu de termes formés à partir de pseudo-confixes. Pourtant, certains sont fermement implantés. 121 Plusieurs hypothèses sont envisageables pour expliquer le retard de la lexicographie française sur la lexicographie anglaise dans le domaine d’Internet :

Notes
121.

Pour FR cyber-, hyper-, -naute et web- et leurs dérivés, l’encyclopédie Larousse ( www.encyclopedie-larousse.fr/ ) a comme entrées : cyber-, cybercafé, cybermonde, cyberespace, cybernaute, hyperlien, hypermédia, internaute et web. E- est absent.