1.2.10. Conclusion

Neuf pseudo-confixes fréquents sont recensés dans le corpus espagnol
(ciber-, e-, hiper, meta-, -nauta, net-, tele-, -ware, -web-). Ce sont les emprunts de troncations de lexies anglaises. Certains sont homographes de confixes classiques (ciber-, e-, hiper-, meta-, tele-, -nauta). L’espagnol, comme le français, réemploie les formants anglais dont la fréquence « type » varie beaucoup :

Figure 5 : Fréquencedes pseudo-confixes espagnols
Figure 5 : Fréquencedes pseudo-confixes espagnols

Les pseudo-confixes qui forment le plus de termes sont les mêmes qu’en anglais et français. Ciber- et web sont les formants les plus fréquents avec respectivement 47 et 37 composés. E- arrive en troisième position mais sa fréquence « type » est bien inférieure (21 termes). Ce formant est moins fréquent qu’en anglais (40 termes) et français (32 termes) car l’espagnol est plus réfractaire aux emprunts et préfère la structure N + electrónico. Les autres pseudo-confixes sont moins fréquents : -ware (16 termes), hiper- (5 termes), meta- (5 termes), -nauta (3 termes), net- (3 termes), tele- (3 termes). La raison des écarts de fréquence entre les pseudo-confixes a été développée pour l’anglais et le français (Part. II, Ch. 2, Sec. 1.2.8. / Ch. 3, Sec. 1.2.10) : les pseudo-confixes sont employés dans des champs sémantiques précis et certains champs notionnels, comme celui de ciber-, sont beaucoup plus vastes que d’autres, comme celui de meta-.

Les formants antérieurs, qui occupent en général une position de déterminant, sont plus nombreux et plus fréquents que les formants postérieurs. Par conséquent, la majeure partie des composés pseudo-confixés est contraire à l’ordre déterminé/déterminant des composés espagnols. Du point de vue morphosyntaxique, l’influence de l’anglais n’est sentie que dans le cas des emprunts des troncations morphosémantiques. Les pseudo-confixes sémantiques ont la même structure que les confixes classiques dont ils sont homographes.

L’entrée dans les dictionnaires de ces nouveaux formants à fréquence « type » élevée est encore moins systématique pour l’espagnol que pour le français, y compris pour les termes dont la fréquence « token » est élevée comme internauta, Internet, cibercrimen. Seul le DGLE recense quelques termes. Les mêmes hypothèses que pour le français se dessinent (Part. II, Ch. 3, Sec. 1.2.10.) mais la troisième hypothèse, exclusion des emprunts, a plus de poids dans le cas de l’espagnol. Les ouvrages lexicographiques rejettent les termes qui sont trop « anglais » (surtout le DRAE). Le DGLE, ressource électronique, répertorie moins de pseudo-confixes et de termes pseudo-confixés que le GR 2001, version papier.