Représentations Sémiotiques

Pour Vygotsky, les systèmes symboliques sont des outils cognitifs, les structures sémiotiques complexes sont construites pendant l’histoire individuelle ou collective. En physique, il s’agit d’« un système sémiologique mixte, hétérogène ». Nous pouvons trouver les composantes proprement linguistiques, les symboles, susceptibles de se substituer aux lexies, de devenir des parties du discours (nom, adjectif, verbe, expressions figées) et d’assumer des fonctions syntaxiques variées (sujet, complément, déterminant, prédicat), et les schémas (Gentilhomme, 1994). Dans une perspective similaire, Duval (1993) définit les représentations sémiotiques comme des productions constituées par l’emploi de signes appartenant à un systèmes de représentation qui a ses contraintes propres de signifiance et de fonctionnement que nous appellerons registres.

Les activités cognitives fondamentales liées à l’appréhension ou la production d’une représentation sémiotique sont :

  • la formation d’une représentation identifiable comme un registre donné,
  • le traitement d’une représentation ; il s’agit de la transformation de cette représentation dans le registre même où elle a été formée,
  • la conversion d’une représentation ; il s’agit de la transformation de cette représentation en une représentation d’un autre registre en conservant la totalité ou une partie seulement du contenu de la représentation initiale.

Il y a des règles propres de fonctionnement à chacune de ces trois activités (formation, traitement, conversion), règles qui dépendent des systèmes sémiotiques et qui sont indépendantes des contraintes qu’une situation particulière de communication peut surimposer à la production ou à la compréhension de représentations sémiotiques. Ces différentes activités sont regroupées ou confondues dans ce qu’on appelle généralement des tâches de production et des tâches de compréhension.

Les relations entre un système sémiologique mixte, hétérogène et la compréhension conceptuelle, sont très importantes : «  l’activité conceptuelle ne peut (pas) être isolée de l’activité sémiotique parce que la compréhension conceptuelle apparaît liée à la découverte d’une invariance entre des représentations sémiotiquement hétérogènes » (Duval, 1993, p.61). Il faut également noter que la diversification des registres de représentation sémiotique est la constante du développement des connaissances tant sur point de vue individuel que scientifique ou culturel et que chaque représentation permet de mettre en oeuvre des aspects différents d'un même concept. Ainsi la compréhension d'un concept passe par la mise en relation des différents registres sémiotiques qui le représentent.

Si on prend le point de vue du progrès des connaissances, il apparaît qu’il s’accompagne toujours de la création et du développement de systèmes sémiotiques nouveaux et spécifiques qui coexistent plus ou moins avec la langue naturelle. Ainsi la formation de la pensée scientifique est inséparable du développement de symbolismes spécifiques pour représenter les objets et leurs relations (Gragner, 1979, p.21-47).