II.1 : Les Euvres, une œuvre

II.1.1 : L’architecture des Euvres dans le contexte de la Renaissance

L’architecture des Euvres, que nous allons ici observer plus attentivement, semble être un acte volontaire de la part de leur auteure. Labé, auteure, veut faire de sa production littéraire une œuvre complète, organisée et sous l’influence des débats de son temps, au contraire de ce qu’affirme Dorothy O’Connor qui se place sous la protection critique de Sainte-Beuve à plusieurs reprises dans son étude de l’œuvre de Labé. Selon elle, l’auteure des Euvres : « usait de la poésie comme d’un vase où elle pût verser le trop plein de son cœur endolori » 686 .

Du choix du titre, remis en contexte par rapport à quelques autres titres d’œuvres des années 1550 ou antérieures, de la relecture corrective que l’auteure a peut-être fait de sa production avant l’édition définitive de 1556 (si l’on doit croire d’une part au nouveau titre donné : Euvres revues et corrigees par ladite dame ; d’autre part selon ce que nous dit le Privilège du Roy du 13 mars 1554 manquant dans certains exemplaires de l’édition de 1555 selon François Rigolot 687 ), à la place donnée à chaque pièce dans l’économie du recueil, ou encore à l’harmonie d’ensemble, non-évidente au prime abord quand on observe l’hétérogénéité du corpus, les Euvres constituent de toute évidence un ensemble tant cohérent que varié. Le caractère intertextuel de la production labéenne, par des reprises topiques thématiques et stylistiques renaissantes, « masculines » et pour cause, laisse cependant apparaître des choix faits par l’auteure dans la masse des modèles. Par exemple, la qualité humoristique et satirique du Débat de Folie et d’Amour ne doit pas dissimuler le ton parfois ouvertement ironique des pièces rimées, tant les Elégies que les Sonnets.

Notes
686.

Dorothy O’CONNOR, Louise Labé, sa vie, son œuvre, op. cit., p. 134.

687.

Voir pour cela le Privilège du Roy et les commentaires de François RIGOLOT, pp. 33 à 38 in Louise LABÉ, Œuvres complètes, op. cit.