C- La question du Privilège

L’utilisation de la légende dans les Euvres est un facteur problématique d’analyse du texte : en effet, peut-on remettre en cause l’existence même de Labé-auteure du recueil sur la base de cette mise en scène constante par les pièces qui la constituent comme un personnage quasi mythique et entièrement désincarné ? C’est le caractère insidieusement sexiste de cette proposition qui nous paraît le plus gênant. De plus, le Privilège inclus dans les Euvres nous semble un bon argument en faveur non seulement de la revendication de Labé comme seule propriétaire de ses écrits, mais encore d’une personnalité d’auteure forte – si elle demande et obtient l’autorisation de publication et de diffusionen son nom, on peut aussi en déduire « que c’est elle qui présente son œuvre telle qu’elle sera définie dans le Privilège » 1004 – dont le dessein est à la fois personnel (poétique) et communautaire (politique), même si elle est sans doute au centre d’une plus vaste revendication lyonnaise.

Difficile sans doute d’être une femme en 1555 et d’assumer de s’exprimer : même si, à Lyon, en 1550, on peut considérer que « la société lettrée était beaucoup plus féminisée qu’elle ne l’était dans d’autres villes de France » 1005 , il n’est pas du tout certain que la publication des Euvres eût été chose aisée. Le paratexte des Euvres est en cela éclairant : l’Epistre, le Privilège et les Escriz semblent tous trois servir à Louise Labé pour justifier l’entreprise d’impression de ses écrits – comportement qui s’écarte du silence qui sied aux femmes et de la modestie qu’elles doivent afficher en tous lieux et à tout moment de leur existence – mais ce ne sont pas leur seule destination. Il semble que l’Epistre permette aussi à Labé de voir « son action en terme communautaire » 1006 et de la justifier comme telle aux yeux de ses lecteurs. Le but de l’Epistre en prose est triple : informer, persuader, se justifier. Il faut mettre le lecteur dans son camp au seuil de l’ouvrage. Il faut aussi immédiatement affirmer qui écrit les Euvres, qui en est l’auteure et ce que cela signifie. Louise Labé construit dès le début de sa production, et dans ce qui lui sert donc de présentation, sa légende, par l’intermédiaire d’un manifeste féministe.

Louise Labé incite les femmes, et elle-même, à « s’appliquer aus sciences et disciplines (…) et montrer aus hommes le tort qu’ils nous faisoient en nous privant du bien et de l’honneur qui nous en pouvoit venir… » 1007 . Non seulement il s’agit d’inciter les femmes à écrire mais en plus de leur permettre de « non dédaigner la gloire » car « l’honneur que la science nous procurera sera entierement notre » 1008 . Elle est à la fois l’incitatrice et le modèle (les Escriz viendront témoigner de cette gloire).

Il est nécessaire de rappeler quels sont les précédents. On trouve dans l’histoire littéraire d’avant 1555 des préfaces importantes. Antoine Du Moulin, en permettant la publication, en 1545, des Rymes de gentille et vertueuse dame, Pernette du Guillet, a inauguré ce mouvement féminin lyonnais de publication d’œuvres, poétiques ou non, assurée par les presses de Tournes. La préface à l’édition posthume des œuvres de Du Guillet vante Lyon comme la cité « riche en bons esprits de tous sexes ». Le milieu culturel et littéraire lyonnais était acquis à l’émancipation des femmes (nous pensons ici à Claude de Taillemont et Antoine Héroët qui ont activement participé à ce mouvement, nous verrons plus loin comment). La préface de Du Moulin exhorte les Dames de Lyon à suivre les traces de Du Guillet et les dames lettrées italiennes qui se sont déjà illustrées par leur plume. Louise Labé connaissait sans doute Taillemont, Héroët et Du Moulin, comme Scève, Peletier du Mans ou Pontus de Tyard, les Escriz venant en témoigner, sinon les échos que l’on trouve entre ses Euvres et les leurs.

L’Epistre est le dernier texte écrit avant la publication des Euvres si l’on se fie à sa date « 24 juillet 1555 ». L’auteure a réservé cette appellation à cette pièce, prosaïque et politique, préférant le terme d’ « élégie » pour les trois longues pièces de vers qui ouvrent la partie lyrique des Euvres, pourtant reprises des Héroïdes ovidiennes. Labé s’y justifie de la publication de son ouvrage en y affichant tout d’abord une modestie et une humilité qui peuvent faire en partie oublier son audace de vouloir voir sa production imprimée et lue : « Quant à moy tant en escrivant premierement ces jeunesses que en les revoyant depuis, je n’y cherchois autre chose qu’un honneste passetems et moyen de fuir oisiveté : et n’avois point intencion que personne que moy les dust jamais voir » 1009 . Labé prévient ici les arguments de ses éventuels détracteurs en les utilisant pour sa propre justification : l’exercice de la prose et de la poésie, honnêtes loisirs, permet d’éloigner les femmes de l’oisiveté, mère de tous les vices. De plus, l’auteure n’a pas écrit ces textes en vue d’une impression mais, bien humblement, pour son propre et unique plaisir. L’ensemble de l’œuvre labéenne viendra cependant contredire cette dernière affirmation. Quant à l’oisiveté, il s’agit de s’interroger sur l’étymologie (et la valeur) latine du mot : l’otium s’oppose en effet au negotium. Une femme et fille de cordiers lyonnais enrichis grâce au commerce, et sans doute initiée aux lettres du moins latines sinon grecques, devait parfaitement connaître la portée de l’utilisation du mot oisiveté. Pour les latins, c’est l’otium qui permet l’élévation de l’être, non le negotium. Cependant, Labé est aussi consciente de la richesse que son commerce de cordes apporte à la ville (elle choisit d’ailleurs d’utiliser le nom qui est la raison économique du florissant commerce de son père puis de son époux pour publier). Les cornes d’abondance qu’on trouve encore aujourd’hui au fronton de l’entrée de sa demeure, rue Confort, pourraient signifier le bien et la prospérité qu’une famille pouvait apporter à sa cité. On trouve les mêmes cornes d’abondance au château de Fléchères, construit en 1606 par Jean Scève, alors prévôt de Lyon. L’argument semble aussi jouer comme contre-argument à certaines affirmation contenue dans La Louenge des femmes de 1551, texte paru lui aussi chez Tournes, et où l’oisiveté féminine est soulignée.

Pour sacrifier davantage au préjugé de l’humilité féminine, Labé se défend ensuite de la publication de ses Euvres en prétendant qu’elle n’est pas à l’initiative de cette impression : « quelcuns de mes amis ont trouvé moyen de les lire sans que j’en susse rien, et que (ainsi comme aisément nous croyons ceus qui nous louent) ils m’ont fait à croire que les devois mettre en lumiere » 1010 , nous dit-elle. Ce sont des hommes, le masculin semble le prouver, qui ont voulu que les Euvres soient publiées, des « amis » de l’auteure. Elle n’a donc plus besoin de se justifier, d’autant plus que le recueil se clôt sur un hommage collectif de vingt-quatre textes qui viennent lui apporter une caution irréfutable. Cependant, apparaissent dans cette phrase plusieurs indices troublants : le verbe louer utilisé ici à la troisième personne du pluriel fait évidemment référence aux textes des Escriz, notamment au tout premier, qui insiste sur la gloire de louer Louise, qui, dans un subtil rapport d’inversion, est à ses loueurs « cause de leur gloire » 1011 . On trouve la preuve d’une circulation des manuscrits labéens, ici avec le consentement de l’auteure, dans les Escriz au début du texte attribué à Maurice Scève (devise NON SI NON LA utilisée en signature) : c’est la troisième pièce de l’hommage, un sonnet portant comme titre « En grace du Dialogue d’Amour et de Folie, euvre de D. Louïze Labé Lionnoize » 1012 . Scève semble remercier Labé du Débat qu’il intitule « Dialogue », de son nom de mars 1554 (ancien système)- mars 1555 (nouveau système), dont on trouve trace dans le Privilège. L’auteur de Délie insiste sur le nom de celle des Euvres, et sur son appartenance à la ville de Lyon – à laquelle il appartient et dont il est un notable –, et ouvre son sonnet par une phrase qui mérite un commentaire :

‘ Amour est donq pure inclinacion… 1013

La conjonction donq sert à introduire une relation logique de conséquence, de conclusion par rapport à ce qui précède : or, ce qui précède ici le sonnet, c’est son titre, remerciement d’une éventuelle lecture du texte labéen par Scève, avant juillet 1555, avant sa publication. Scève établit implicitement un dialogue avec Labé, par l’intermédiaire de ce sonnet, en retour d’une probable lecture du Débat de Folie et d’Amour. Il insiste aussi sur le fait qu’il existe bel et bien une question dialectique au centre du Débat. Le dernier tercet du sonnet est lui-aussi significatif :

‘ Puis que lon voit un esprit si gentil’ ‘ Se recouvrer de ce Chaos sutil,’ ‘ Ou de Raison la Loy se laberynthe. ’

Est-ce Scève qui a incité ou conseillé l’insertion du Débat aux Euvres ? Auquel cas, pour quelle raison Labé a-t-elle choisi de commencer son œuvre par un long texte en prose ? Le nom de Louise Labé (Loy se Labe), découvert par Karine Berriot, apparaît au dernier vers dans une explication ambiguë de ses Euvres : Scève semble vouloir nous dire qu’il s’agit d’un texte à clés mais surtout d’une œuvre qui se dissimule derrière un Chaos, un labyrinthe, tel celui du jardin des Champs Faëz de Taillemont, dont il faut trouver l’agencement pour comprendre le dessein. Scève signe d’une devise reconnaissable entre toutes : NON SI NON LA. Labé a fait lire voire offert son Débat de Folie et d’Amour, bien avant publication, au maître de la poésie lyonnaise, Maurice Scève. On peut supposer qu’elle a eu accès au milieu lettré lyonnais, qu’elle en a même été l’un des centres dans les années 1550 : c’est du moins ce que la disposition des pièces des Escriz laisse à penser. Les sonnets « lyonnais » occupant les premières places. Epistre et Privilège quant à eux sont symétriques dans l’édition de 1556 et se répondent.

Le recours à l’ironie dans l’Epistre est un argument en faveur d’une affirmation par Labé de son existence comme seule auteure des Euvres. L’Epistre fait preuve d’ironie à plusieurs reprises, du moins à chaque fois que l’auteure y engage son propre travail littéraire : « ayant passé partie de ma jeunesse à l’exercice de la Musique, et ce qui m’a resté de tems l’ayant trouvé court pour la rudesse de mon entendement, et ne pouvant de moymesme satisfaire au bon vouloir que je porte à notre sexe, de le voir non en beauté seulement, mais en science et vertu passer ou egaler les hommes, je ne puis faire autre chose que prier… » 1014 . Labé se sert de l’humilité rhétorique pour affirmer une contre-vérité que l’ensemble de son œuvre va venir contredire : elle manque de finesse d’esprit et ne peut par conséquent considérer que son travail peut servir, de quelque manière que ce soit, à ennoblir la production littéraire, notamment celle des femmes. Elle est cependant sans nul doute cette « quelcune » qui « parvient en tel degré, que de pouvoir mettre ses concepcions par escrit, le faire songneusement et non dédaigner la gloire » 1015 , ses Euvres viennent en attester. Le choix du terme quelqu’une existant en français mais souvent oublié, au profit d’un soi-disant neutre en fait masculin, est très important. L’adverbe est lui-aussi significatif : Labé a « songneusement » composé ses Euvres mais encore les a « revus et corrigez à loisir » 1016 nous dit-on dans le Privilège. Que doit-on en conclure ? Tout d’abord, il paraît clair que Labé a écrit un corpus sans doute assez large de textes qu’elle a diffusé dans le milieu lettré lyonnais. Elle a ensuite, peut-être sous l’impulsion d’amis imprimeurs, poètes ou écrivains, Scève, Taillemont, Peletier, Tournes mais plus certainement encore Du Moulin, qui semble être à l’origine d’une volonté lyonnaise de publier des femmes, voulu faire imprimer ses Euvres. Pour ce, et pour se protéger en tant qu’auteure, elle demande d’elle-même, sans caution masculine ou éditoriale, un privilège pour ses écrits.

La réglementation des métiers du livre, des imprimeurs et des libraires, se fait par l’intermédiaire de la création de privilèges, accordés par le roi, octroyés pour pouvoir publier des œuvres en protégeant les métiers du livre. « Apparu à la fin du XVème siècle, le privilège peut prendre des formes variées suivant l’autorité qui donne la permission de mettre en vente le texte imprimé… » 1017 . Le privilège peut être demandé par trois personnes : l’auteur-e-, l’éditeur ou le libraire. La tradition montre que ce sont la plupart du temps les imprimeurs (éditeurs-libraires) qui requièrent des autorités l’autorisation d’impression et de vente des œuvres. Le cas de Labé est donc surprenant car au regard de cette tradition, elle s’inscrit dans une forme de modernité du statut d’auteur-e-, en le réclamant en son nom (nom de plume) et sans mention aucune de son mari (alors qu’il était en principe absolument nécessaire d’obtenir son consentement si l’on était marié, ce qui semble prouver qu’elle ait été veuve dès cette date, comme nous l’explique Madeleine Lazard 1018 ). Elle est, à notre connaissance, l’un-e- des rares auteur-e-s à avoir obtenu en son nom propre un privilège et tout cas la seule femme 1019 . L’utilisation du privilège est souple mais se prête facilement à une domination des imprimeurs qui vont être les premiers bénéficiaires de cette loi de protection des écrits. Certain-e-s auteur-e-s, dès la Renaissance, éditent à leurs frais, comme c’est le cas pour François de Billon et son Fort inexpugnable de l’honneur du sexe femenin 1020 . Cet auteur attend que son livre soit en cours d’impression pour solliciter, et obtenir, d’Henri II, roi de France, un privilège qui lui permette de se protéger des contrefaçons. «Si F. de Billon se charge de l’impression et de l’obtention du privilège, il ne vend pas lui-même les exemplaires qui lui ont tous été remis par l’imprimeur mais les confie au libraire Jean Dallier, dont le nom figure sur la page de titre et la marque au dernier feuillet » 1021 . Ce n’est pas le cas des Euvres de Louise Labé, dont le privilège a sans doute été demandé et obtenu avant l’agencement complet du recueil, avant son impression et avant même de savoir chez qui elles seraient imprimées. Doit-on en conclure qu’elle considérait son succès comme assuré, ou bien que l’auteure avait tout fait pour que ce soit le cas ? En effet, c’est Labé et non son imprimeur, Jean de Tournes, qui s’est chargée de faire cette demande, en son nom propre et dès 1554 : « Reçue avons l’humble supplicacion de nostre chere et bien aymée Louïze Labé, Lionnoize (…) nous inclinans liberalement à la requste de ladite supliante, luy avons de nostre grace speciale donné Privilege, congé, licence et permission de pouvoir faire imprimer ses dites Euvres cy dessus mencionnes par tel imprimeur que bon lui semblera » 1022 . Notons que le titre Euvres est déjà présent dans le privilège. Savait-elle qu’elle serait publiée chez Jean de Tournes, lui servant alors d’imprimeur-libraire, et pouvait-elle par conséquent prendre le risque bien minime de demander un privilège sans mentionner d’éditeur particulier, ou bien s’est-elle donnée la possibilité de le choisir, et auquel cas la publication chez Tournes, l’un de plus prestigieux imprimeurs lyonnais, semble conforter l’idée d’une forte personnalité d’auteure ? Autre fait important dans l’histoire du privilège à la Renaissance, l’auteur-e- ne peut faire imprimer une nouvelle édition de ses œuvres sans que tous les exemplaires de la première aient été vendus. La nouvelle édition nécessite l’autorisation de l’auteur, d’autant plus si c’est lui qui a obtenu le privilège. Cela semble signifier que les Euvres ont connu un vrai succès en 1555, puisqu’il y a eu au moins deux tirages dès cette année, ce qui a permis une nouvelle édition en 1556 que Labé, selon la page de titre, a revue et corrigée. Ce qui paraît alors étonnant, c’est la mention de cette correction dès le privilège : « elle les ayant revus et corrigez à loisir ». La formule étant pratiquement calquée sur celle utilisée dans le sous-titre de l’édition des Euvres de 1556, il y a là conflit de date, ou la solution se trouve tout simplement dans une seconde vague de correction des Euvres apportée par leur auteure entre 1555 et 1556, après celle effectuée avant juillet 1555. Cela signifierait une fois de plus le caractère perfectionniste de Labé, la dimension définitive de sa production et l’affirmation exigeante de sa personnalité d’auteure et de son existence en tant que sujet poétique et politique.

« La Renaissance est l’âge du sujet » 1023 . Le sujet est cependant mis en scène dans les Euvres comme dans la plupart des textes de la Renaissance. Le je représente à la fois un sujet fictif personnage d’une histoire d’amour doublement codée par le discours poétique latin (Catulle, Ovide) et italien (Pétrarque, Bembo), et le personnage d’un-e- auteur-e- aux multiples facettes, aux incarnations diverses et variées. Le sujet est à la fois « lui-même et un autre » 1024 . Le Privilège, inséré dès 1555, participe donc lui-aussi de la légende de Louise Labé. Par sa formule inédite d’une autorisation accordée à un-e- auteur-e-, qui plus est une femme sans que soit mentionné son mari ou quelque autre personnage masculin, cette pièce placée à la fin du recueil semble signifier plusieurs choses : tout d’abord l’extrême liberté, l’émancipation, de l’auteure, seule face au roi (dans le texte), ce qui est étonnant pour une bourgeoise ; ensuite la réaffirmation, en clôture de l’ouvrage, de ce qui était affirmé à son début et dès son titre, par effet de symétrie, à savoir le nom de l’auteure Louïze Labé Lionnoize et l’appartenance de ces Euvres à cette auteure, et réciproquement. L’une ne semble pas aller sans les autres, ni les autres sans l’une. Louise Labé est préoccupée de rester à la postérité comme ses plus prestigieux confrères, Scève, Ronsard ou Du Bellay, et comme sa mythique devancière Sappho. Elle grave, à son tour, son nom dans le marbre de Paphos de l’histoire littéraire française.

« La poésie de Louise Labé ne doit pas se réduire à ses fonctions expressives, mais doit irradier bien au-delà : renversement qui rejoint l’idée développée dans le sonnet liminaire des Escriz, à propos des poètes qui chantent les louanges de Louise : ce n’est pas Louise qui tire gloire de leur éloge, mais bien eux qui assurent leur gloire en célébrant celle de Louise » 1025 . Cela ne se vérifie cependant pas, du fait de l’anonymat de certains.

Au contraire de ce qu’affirme François Rigolot, nous pensons, comme Daniel Martin et Michèle Weil, que la crise identitaire lisible dans les Euvres, due à la continuelle projection et dispersion dans des personae diverses du je auctorial et à la constitution d’un référent d’auteure légendaire, n’est pas un estrangement dangereux et schizophrénique mais un facteur d’émancipation et de revendication féministe. Labé construit son mythe personnel comme l’ont fait avant elle d’autres auteurs contemporains et se choisit un nom, choisit un nom à sa production et l’agence de manière à ce qu’elle soit signifiante.

Notes
1004.

Michèle CLÉMENT, « Louise Labé et les arts poétiques », art. cit., p. 65.

1005.

Madeleine LAZARD, Louise Labé, op. cit., p. 96.

1006.

Voir la préface in Louise LABÉ, Œuvres complètes, op. cit., p. 9.

1007.

Ibid., p. 41.

1008.

Ibid.

1009.

Ibid., p. 43.

1010.

Ibid.

1011.

Ibid., p. 141.

1012.

Ibid., p. 145.

1013.

Ibid.

1014.

Ibid., p. 41.

1015.

Ibid.

1016.

Ibid., p. 37.

1017.

Henri-Jean MARTIN, Roger CHARTIER, Jean-Pierre VIVET, Histoire de l’édition française, Promodis, Paris, 1982, p. 237.

1018.

Madeleine LAZARD, Louise Labé, op. cit., p. 206.

1019.

Après observation des bibliographies lyonnaises BAUDRIER et CARTIER, et quelques ouvrages publiés à Lyon ou ailleurs avant 1555, il apparaît que Louise Labé est bien la seule femme à avoir sollicité et obtenu un privilège royal pour une publication. Deux hommes se retrouvent dans le même cas à Lyon, il s’agit de Guillaume PARRADIN pour son Histoire de nostre temps, en 1548, chez Tournes. Barthélemy Aneau l’obtient en son nom propre en 1558 pour Alector. Louise Labé est-elle l’initiatrice d’un mouvement de revendication du droit de l’auteur-e- sur ses écrits ? Charles FONTAINE obtient lui aussi en 1555, à Lyon, un privilège à son nom et non à celui de son imprimeur, Thibauld Payan, pour ses Ruisseaux de Fontaine. L’information vient d’Alfred CARTIER, Bibliographie des éditions de Tournes, op. cit. De plus, notre consultation des privilèges disponibles dans les œuvres imprimées avant 1555 nous permet d’affirmer l’exemplarité du « cas Labé » : des Œuvres Poétiques d’Héröet, chez Dolet en 1537, à celles d’Olivier de Magny chez Estienne Groulleau, parisien, en 1553, de l’Art Poétique de Peletier, la même année que les Euvres et chez le même éditeur, au Solitaire second de Pontus de Tyard, chez Tournes, lui-aussi, ce sont systématiquement les imprimeurs qui ont le privilège. Nous ne prétendons pas cependant à l’exhaustivité.

1020.

Henri-Jean MARTIN, Roger CHARTIER, Jean-Pierre VIVET, Histoire de l’édition française, op. cit., p. 239.

1021.

Ibid., p. 240.

1022.

Louise LABÉ, Œuvres complètes, op. cit., p. 37.

1023.

Nathalie DAUVOIS, Le Sujet lyrique à la Renaissance, op. cit., p. 120.

1024.

Ibid.

1025.

Daniel MARTIN, Signe(s) d’Amante, op. cit., p. 410.