PREMIERE PARTIE. entre nébuleuse conceptuelle et usages différenciés, seule une approche pragmatique peut donner sens à la notion de qualité de vie.

La qualité de vie, à la fois concept et notion, est au cœur de deux sphères antagonistes qui s’approprient de manière différente, à des fins spécifiques, un même objet. La qualité de vie s’impose en tant que concept scientifique mais ses définitions sont plurielles et ses méthodes d’approche aussi nombreuses que les disciplines qui se proposent de l’évaluer. Elle correspond également à une notion fédératrice utilisée dans le langage courant sans pour autant revêtir une signification univoque. La qualité de vie se trouve ainsi écartelée entre des fondements scientifiques qui ont du mal à s’ériger de manière consensuelle et des usages différenciés faisant de cette notion tour à tour une référence d’action politique, de propagande, de communication, de marketing… Cette mise en tension est en quelque sorte à l’origine du conflit ouvert entre la sphère scientifique condamnée à la nébuleuse conceptuelle et le domaine usuel où règne la profusion des usages divergents de la qualité de vie.

L’enjeu de cette première partie est de reconsidérer les champs d’investigation de la qualité de vie tout en affichant notre volonté de ne pas nous perdre dans sa multitude, sa diversité et son polymorphisme. De la diversité à la divergence, il n’y a qu’un pas à l’égarement intellectuel. L’objectif de ce projet est par conséquent de se nourrir de ce qui structure aujourd’hui la notion de qualité de vie sans pour autant s’en contenter. La diversité est enrichissante mais dans notre cas non constructive. Face à l’adversité du non consensus, de l’absence de voie clairement tracée, d’intelligibilité avérée, nous proposons d’ériger une « approche salvatrice » de la qualité de vie. Seule une démarche pragmatique imposée par la construction progressive de l’objet de recherche peut permettre de donner sens à cette notion de qualité de vie.

Le premier chapitre aborde ainsi la notion de qualité de vie dans son contexte scientifique. Eclairé par des travaux issus de recherches pluridisciplinaires, un constat univoque s’impose : entre sociologues, économistes, philosophes, médecins, psychologues et bien évidemment géographes, à chacun sa qualité de vie. Force est de constater cette hétérogénéité conceptuelle, nous tenterons néanmoins de dépasser ces clivages pour tendre vers une restitution synthétique des champs de recherche de la qualité de vie.

Le second chapitre se propose d’analyser les usages de cette notion. Des revendications sociétales à l’appropriation politique, la notion de qualité de vie a été investie et institutionnalisée de bien nombreuses manières. Après avoir considéré le contexte structurel et conjoncturel de l’émergence de cette notion, il est important de considérer l’institutionnalisation de la notion de qualité de vie. De l’échelle nationale à l’échelle locale, les projets, les programmes et les discours d’intention sont autant de prétextes à l’usage de la qualité de vie. L’illustration en sera faite grâce à l’analyse de la production discursive émise lors des élections municipale lyonnaise de mars 2001. Celle-ci permet en effet de saisir la manière dont la propagande politique s’approprie la notion de qualité de vie pour construire un projet de ville et communiquer sur ses intentions.

Le troisième chapitre, et en cela le plus stratégique et innovant, propose de s’extraire de ces acquis, de sortir de la tension cristallisée par la divergence pour proposer la construction d’une approche pragmatique basée sur l’élaboration d’un système de mesure à la fois dynamique, intégré et opérationnel de la qualité de vie intra-urbaine.