1.2.5. La qualité de vie en sciences psychologiques

L’implication de la psychologie dans ce thème de recherche semble être plus récente. Bien que la psychologie ait sa place dans l’étude de ce phénomène, il semble que l’apparition de la qualité de vie ait été plus tardive en comparaison des autres disciplines scientifiques. En psychologie du travail, la qualité de vie est conjointement liée à l’étude de la satisfaction au travail. Comme l’explique A. RIPON 14 , la qualité de vie est un phénomène psychologique complexe contenu dans le phénomène du bien-être. Son approche est entièrement fondée sur une appréciation subjective. De nombreuses études démontrent que la qualité de vie au travail n’affecte pas seulement la satisfaction au travail mais impacte également la satisfaction dans d’autres domaines de la vie comme la vie familiale, les loisirs, la vie sociale et financière. Ces recherches en psychologie du travail montrent que la qualité de vie peut avoir de profondes conséquences sur le comportement des employés en impactant sur l’identification organisationnelle, la satisfaction, l’implication dans le travail, la performance mais aussi sur le désir de mobilité professionnelle et l’intention de démissionner.

R. A. CUMMINS 15 de l’école de psychologie d’Australie travaille sur la question d’un « standard psychométrique de la satisfaction » et aborde de ce fait la notion de qualité de vie. En cherchant à rationaliser les différentes définitions de la qualité de vie, il commence par distinguer les dimensions objectives et subjectives qui la structurent. Dans cette approche, les mesures objectives sont fournies par les aspects objectivement vérifiables de la vie alors que les mesures subjectives se basent sur la perception de la vie quantifiée habituellement à travers les questions de satisfaction ou de bonheur. En attribuant un poids variable à leurs différents domaines de vie, les individus donnent matière à l’évaluation de ce que l’auteur désigne sous le nom de « qualité de vie subjective » et de « bien-être subjectif ». Pour R. A. CUMMINS29, la définition de la qualité de vie doit impérativement être opérationnelle. Cette nécessité ne retient pas l’attention de beaucoup d’auteurs. Pourtant ce caractère opérationnel semble nécessaire à la valeur heuristique de la définition. L’auteur propose alors la définition suivante :

‘« Quality of life is both objective and subjective, each being the aggregate of seven domains as materiel well-being, health, productivity, intimacy, safety, community, and emotional well-being. Objective domains comprise culturally-relevant measures of objective well-being. Subjective domains comprise domain satisfaction weighted by importance ».’

La psychologie s’est également intéressée à l’importance des aspects psychologiques liés au cadre de vie. C’est par exemple de cas de l’étude psychologique du cadre de vie, menée par C. LEVY-LEBOYER 16 , qui tente de comprendre la manière dont les habitants choisissent et aménagent leur cadre de vie. Il s’agit de prendre connaissance des besoins psychologiques fondamentaux que le cadre de vie doit satisfaire. Cette étude s’interroge sur les besoins psychologiques en matière de cadre de vie tels que la sécurité psychologique, les qualités fonctionnelles de l’environnement et les qualités propres du cadre de vie. Cette analyse, issue d’une enquête par questionnaire, met en évidence un fort consensus quant aux besoins de la vie quotidienne concernant, par exemple, l’écologie (arbres, air pur,…) ou l’aspect pratique et fonctionnel de l’environnement (proximité des commerces,…).

La psychologie de l’environnement s’impose alors comme une nouvelle discipline permettant de mieux comprendre l’influence de l’environnement sur les comportements. Cette discipline s’appuie sur le postulat suivant : il existe une dimension subjective dans la relation qui lie l’individu au lieu. Elle propose ainsi une compréhension de cette relation de l’homme avec son environnement. Dans cette approche disciplinaire, la notion de qualité de vie est étroitement liée à celle du cadre de vie : « l’étude de la qualité du cadre de vie consiste à appréhender la qualité de vie à l’aide de propriétés physiques et structurelles d’un environnement et à estimer ensuite la perception que les résidants d’un site ont de leur cadre de vie » 17 .

La psychologie environnementale lie ainsi étroitement la qualité de vie à la satisfaction résidentielle. M. BONAIUTO 18 du Département de psychologie des processus de développement et de sociabilisation de l’Université de Rome explique que la perception de l’environnement résidentiel est multidimensionnelle. Cette perception environnementale conditionne la qualité de vie dans la mesure où elle induit un attachement différencié au cadre de vie. En fonction de critères définissant à la fois le cadre urbain de résidence, la qualité des relations sociales et de voisinage, la qualité des services et des équipements urbains ainsi que l’importance des nuisances, il devient possible d’identifier des niveaux d’attachement différents déterminant ainsi des satisfactions résidentielles différenciées. Par cette approche, la qualité de vie est déterminée et évaluée en fonction de la satisfaction résidentielle qu’éprouvent les habitants. Celle-ci s’explique par un attachement au cadre de vie qui évolue en fonction de l’âge des résidants, l’ancienneté de l’installation, l’estimation des niveaux socio-économiques, le nombre de personnes vivant ensemble,… Bien qu’envisagée globalement, à travers l’environnement naturel et l’environnement bâti, la notion de qualité du cadre de vie ne semble cependant pas permettre, à elle seule, d’appréhender toute la dimension subjective dont relève la notion de qualité de vie.

Notes
14.

RIPON A., 1983, Qualité de la vie de travail. Paris, Presses Universitaires de France, Collection Psychologie d’aujourd’hui, 268 pages.

15.

CUMMINS R. A., 1998, « The comprehensive quality of life scale - Fifth edition ». International Conference on Quality Of Life in Cities – ICQOLC’98 – Volume 1, School of Building and Real Estate National University of Singapore, pages 67-77.

16.

LEVY-LEBOYER C., 1977, Etude psychologique du cadre de vie. Paris, Editions du Centre National de la Recherche Scientifique, Monographies françaises de psychologie, N°41, 121 pages.

17.

BONARDI C., GIRANDOLA F., ROUSSIAU N., SOUBIALE N., 2002, Psychologie sociale appliquée. Environnement, santé et qualité de vie. Paris, In Press Editions, 390 pages.

18.

BONAIUTO M., AIELLO A., PERUGINI M., BONNES M., ERCOLANI A.P., 1999, « Multidimensional perception of residential environment quality and neighborhood attachment in the urban environment ». Journal of environmental psychology, N°19, Pages 331-352.