2. Appropriation politique et institutionnalisation de la qualité de vie

L’évocation collective de la qualité de vie est symptomatique de la volonté profonde et universelle de mener une vie de qualité dans un environnement de qualité. Les cadres de vie, qu’il s’agisse de ceux des banlieues construits à la hâte sans grande prise en considération des formes architecturales et des organisations sociales ou ceux de la ville elle-même qui souffrent des maux de la densification, de la promiscuité, de l’insécurité, forment des bassins inadaptés aux exigences qualitatives contemporaines. Les structures urbaines doivent permettre le fragile équilibre entre la sphère publique et la sphère privée suscitant l’interaction entre animation et intimité, entre détente et activité, entre sécurité et sociabilité. Seulement ces bassins de vie ne semblent plus en mesure de répondre aux exigences citadines. Les déséquilibres dont ils souffrent occasionnent des carences et des sensations de manque qui se font de plus en plus prégnantes. Cette appréciation du quotidien n’est pas sans susciter l’inquiétude des politiques. Un problème crucial se pose à eux, à savoir comment permettre aux administrés de trouver ou retrouver un cadre de vie et un environnement de qualité. Face aux mutations urbaines, le citadin n’a pas pu ou su s’adapter à un nouveau mode de vie imposé par une conjoncture et une structure qui lui ont échappé. Il n’est pas parvenu à reconstruire dans cet environnement hostile des formes de vie sociale lui permettant d’être à son aise. Bien au contraire, il subit les pressions et les carences d’espaces trop segmentés et spécialisés. La ville se voit dépossédée de son image de liberté, d’intégration et de sa capacité d’épanouissement individuel et collectif. Elle n’est plus le modèle, ou en tous cas le seul modèle de référence. « Devant la détérioration inquiétante du cadre de vie, une politique judicieuse de protection de l’environnement spécifiquement urbain s’impose, non comme un luxe, mais comme une impérative nécessité » 35 .

Notes
35.

BESSON-GUILLAUMOT M., BILLAUDOT F., 1979. Environnement, urbanisme, cadre de vie : le droit et l’administration. Paris, Editions Montchrestien, 765 pages.