3. Usages discursifs de la qualité de vie : exemple de la sphère politique lyonnaise

Le discours fait appel à l’imaginaire et à un certain nombre de représentations. C’est un produit construit qui s’inscrit dans une démarche de communication et de diffusion d’information ou d’intention. L’objet n’est pas ici de mener une analyse de la production discursive politique, il s’agit davantage d’appréhender la manière dont la notion de qualité de vie prend place dans l’objet de communication politicienne. L’image produite par le discours politique relève d’une certaine conception et représentation des attentes et des besoins des citadins. En cherchant à comprendre, tout en donnant forme à cette image, la démarche des acteurs qui prennent la parole devient plus saisissable. Comme l’explique M. ROSEMBERG-LASORNE 37 , « il n’y a pas d’emprise matérielle sans prise symbolique ». L’action et la réalisation d’un projet ne peuvent se faire sans fondements idéologiques et symboliques préalables. C’est grâce à cette production symbolique et non à travers les actions qui lui sont corollaires que la notion de qualité de vie va être abordée. Cette approche renseigne non pas sur les actions mais sur les acteurs eux-mêmes car elle met en évidence leur intentionnalité.

Compte tenu de l’ampleur de la production discursive du monde politique, une sélection préalable s’impose. La notion de qualité de vie fait référence à des aspirations et des exigences sociétales. Elle est le reflet d’un besoin qualitatif croissant et symbolise l’objet d’une revendication collective. Il nous est donc apparu essentiel de prendre en considération les publications destinées aux habitants afin de mesurer l’enjeu que pouvait représenter la qualité de vie dans la communication entre hommes politiques et citadins. La démarche la plus pertinente est celle d’imposer un mobile à la communication. La prise de parole informative qui a pour but de renseigner, expliquer ou légitimer les projets en cours, semble moins porteuse que la communication de « propagande ». C’est pourquoi nous avons choisi de prendre en considération les discours de propagande électorale. Le discours construit autour du projet politique et du programme électoral permet d’analyser et de mettre en évidence l’utilisation de la notion de qualité de vie. Sans attribuer d’intention présupposée au message, la forme et le fond du discours permettent de cerner les représentations et les référents des acteurs. La mise en forme du message, le choix des mots et des images révèlent une certaine conception du projet politique. La communication électorale véhicule une évidente attention de séduction mais correspond également à l’analyse de la demande sociale à laquelle le projet politique souhaite répondre. Les schémas d’intention et d’action proposés dans les discours électoraux doivent correspondre aux exigences de la société analysée par le propagandiste lui-même. Le discours formule ainsi une réponse s’inscrivant dans un projet de société particulier. L’énonciation du projet politique qui se construit tel un projet de vie ou un projet de société permet donc d’étudier la place de la qualité de vie dans la communication entre l’habitant et l’élu potentiel et de saisir la manière dont le politique utilise une notion « populaire » pour s’approprier les faveurs du citoyen. Comme il s’agit d’un jeu de « séduction-attraction », cette démarche permet d’étudier l’appropriation et la réutilisation d’une préoccupation sociale à des fins consensuelles et fédératrices.

Notes
37.

ROSEMBERG-LASORNE M., 1997, Marketing urbain et projet de ville : parole et représentations géographiques des acteurs. Thèse de doctorat dirigée par le Professeur SAINT-JULIEN T., Université Paris I – Panthéon Sorbonne, U.F.R. de Géographie, 316 pages.