3.1. L’exemple des élections municipales lyonnaises de mars 2001

Notre analyse se base sur la production discursive des élections municipales lyonnaises des 11 et 18 mars 2001. Le discours est dans ce cas envisagé non comme une réalité objective mais comme le résultat d’une construction, le but étant « de distinguer l’énoncé qui est l’objet produit par le locuteur et l’énonciation, entendue comme l’action qui consiste à produire un énoncé » 38 . Le discours cherche à mettre en forme et à communiquer le projet des acteurs politiques. À travers lui se structurent les intentionnalités, les projections et les souhaits. Il est le reflet de l’énonciation de véritables projets de société, projets de vie, projets de ville. Cette analyse n’a pas pour but d’identifier et de différencier l’ensemble des projets, il s’agit au contraire à partir de la production discursive de comprendre les priorités de chacun pour améliorer la qualité de vie des citoyens. La structuration du discours, les images auxquelles il fait référence, les enjeux évoqués, les mots employés sont autant d’éléments qui permettent de comprendre comment les différents groupes d’acteurs se sont approprié la notion de qualité de vie. Cette appropriation polysémique permet de mettre en évidence une utilisation différenciée de la notion de qualité de vie d’un groupe politique à l’autre mais aussi au sein d’un même groupe. Cette analyse ne se propose pas seulement de comprendre l’évocation de la qualité de vie dans les discours électoraux mais elle permet surtout de mettre en évidence les priorités auxquelles chacun fait référence lorsqu’il se propose d’œuvrer en faveur de la qualité de vie du plus grand nombre.

L’étude porte sur les listes se présentant dans les neuf arrondissements. Ce choix a été fait par souci de représentativité afin de conserver une cohérence sur l’ensemble du territoire de la ville de Lyon. Les listes retenues sont au nombre de six :

  • la liste Civisme à Lyon – Participation citoyenne (liste indépendante)
  • la liste A gauche autrement (soutenue par la Ligue Communiste Révolutionnaire)
  • la liste Lyon Fait Front (Front national)
  • la liste M.I.L.L.O.N. pour Lyon (liste indépendante)
  • la liste D’abord les lyonnais (Union UDF – RPR –DL – RPF)
  • la liste En avant Lyon (Gauche plurielle)

Différents supports de communication ont servit à l’analyse. Les publics auxquels ils s’adressent ainsi que les modes de diffusion diffèrent. Nous avons en effet pris connaissance des lettres de présentation générale envoyées à l’ensemble de la population (lettre de sensibilisation aux élections, lettre de proposition d’intention de vote du Maire R. BARRE,…), des documents exposant les grands points des différents programmes souvent déclinés à l’échelle de l’arrondissement ou du quartier ainsi que l’ensemble des documents envoyés à chaque électeur lors du premier et du deuxième tours présentant la synthèse des programmes (pour la ville de Lyon et l’arrondissement concerné) et les représentants des différentes listes. Nous avons également travaillé sur les programmes détaillés et exhaustifs mis à disposition sur Internet par les différents groupes politiques. L’ensemble de ces supports de communication ont permis d’analyser la manière dont la qualité de vie structure le discours politique et renseigne sur son appropriation.

Notes
38.

DUCROT O., 1994, cité par ROSEMBERG-LASORNE M., 1997, Marketing urbain et projet de ville : parole et représentations géographiques des acteurs. Thèse de doctorat dirigée le Professeur SAINT-JULIEN T., Université Paris I – Panthéon Sorbonne, 316 pages.