1.1. Proposition d’un point de vue : une nécessité scientifique

Comme l’explique A. LEPLEGE 41 , le point de vue est au sens propre « l’endroit où est placé celui qui regarde un objet ». En d’autres termes, c’est la condition de toutes représentations. Cet endroit est choisi pour voir un objet ou une scène le mieux possible. Cela implique que la valeur de l’observation dépend du positionnement de l’observateur. Le devoir de cet observateur est donc de se placer au meilleur point de vue pour voir l’objet le mieux possible.

Notre problématique est d’ordre géographique. Il s’agit de trouver à la fois une définition et une méthode d’évaluation capables toutes deux, à l’échelle intra-urbaine, de caractériser la qualité de vie. Celle-ci ne peut être assimilée au bonheur mais elle relève des conditions nécessaires au bien-être. Comme nous l’avons déjà évoqué, elle se définit par rapport au degré de satisfaction d’un ensemble de besoins et désirs déterminés à partir d’un point de vue qui, idéalement devrait être celui des composants de la ville. Le point de vue adopté est donc celui du géographe cherchant à qualifier les espaces de la vie urbaine. Dans la mesure où il n’est pas envisageable de considérer tous les aspects de l’existence, ni d’entreprendre une prise de contact massive, il faut, pour mesurer la qualité de vie, la réduire à certaines de ces dimensions. Cette réduction est légitime dans la mesure où « la perte de réalité qui lui est associée est contrebalancée par l’objectivation de la réalité et par les perspectives de sa transformation »86.

Nous faisons donc le choix volontaire et justifié par notre problématique, de ne pas considérer les dimensions intimes, personnelles ou professionnelles des individus. Sans négliger l’intérêt de tels travaux, nous souhaitons nous limiter à l’étude de la qualité de vie urbaine et à l’analyse de la qualité des relations entre l’homme et son territoire quotidien. Notre démarche se propose donc d’aborder la notion de qualité de vie à travers le point de vue de ceux qui pensent, font et vivent la ville. Cette connaissance subjective permettant d’identifier les priorités et les exigences du plus grand nombre ne s’impose pas comme une fin en soi. Considérée comme le point de départ d’une démarche plus globale, elle s’intègre à une analyse des conditions objectivables de la qualité de vie. Ce choix de point de vue en appel un autre, celui plus fondamental de proposer l’individu en tant qu’acteur pour donner corps à la notion de qualité de vie et aux critères de son évaluation.

Notes
41.

LEPLEGE A., 1999, Les mesures de la qualité de vie. Que sais-je ?, Paris, Presses Universitaires de France, 127 pages.